Intervention de Lisette Pollet

Séance en hémicycle du jeudi 1er février 2024 à 21h30
Discussion d'une proposition de loi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLisette Pollet :

« Les voyages forment la jeunesse », écrit Montaigne. Il est bien difficile de ne pas être d'accord avec cette célèbre citation eu égard aux vertus et aux bénéfices du voyage quand on est au début de sa vie. Mais il n'est pas nécessaire de partir loin pour s'ouvrir au monde et aller à la rencontre de l'environnement. Il n'est pas nécessaire non plus d'attendre les études pour voyager et connaître notre pays. Les classes de découverte sont bien plus qu'une simple sortie éducative. Elles représentent une occasion unique pour nos jeunes de vivre des expériences enrichissantes, de développer leur curiosité et de forger des liens durables avec leurs pairs. C'est une chance de sortir des quatre murs de la salle de classe traditionnelle et de plonger dans un monde d'apprentissage pratique et vivant.

Les classes de découverte ont plusieurs vertus. Elles permettent de développer l'autonomie, l'esprit d'initiative, le sens des responsabilités et la socialisation. Partir permet d'apprendre le respect de l'autre et de son travail, celui des règles collectives, de l'environnement et du patrimoine. C'est également le moyen d'acquérir ou de perfectionner des méthodes de travail telles que l'observation, l'analyse, la synthèse ou encore la prise de notes. Malheureusement, au fil des années, nous avons vu décroître ces expériences éducatives, souvent en raison de contraintes budgétaires ou de priorités divergentes. Il est temps de réaffirmer l'importance des classes de découverte et de les replacer au cœur de notre système éducatif primaire.

Depuis 1936, de nombreux enfants ont pu partir. Il est temps que chaque élève ait cette chance, quels que soient son milieu social d'origine et l'endroit où il habite. Les classes de découverte contribuent en effet à réduire les inégalités en offrant à tous les élèves, quelle que soit leur origine socio-économique, l'occasion de vivre des expériences éducatives épanouissantes. Nous devons veiller à ce que chaque enfant ait la possibilité de découvrir le monde qui l'entoure, d'explorer des domaines qui pourraient éveiller une passion et de construire des souvenirs qui dureront toute une vie.

Cependant deux freins sont identifiés : le financement des séjours et l'absence de valorisation du travail des enseignants qui les organisent et les encadrent. Les tarifs ont en effet fortement augmenté, en moyenne de plus de 10 %, en raison de l'inflation et de la hausse du coût des séjours. Il ne faut pourtant pas négliger les subventions des collectivités territoriales et des différents ministères même si elles varient en fonction des territoires. Le reste à charge doit être le plus léger possible pour toutes les familles. Il serait intéressant de disposer d'une fiche récapitulative des aides possibles, afin de guider au mieux les enseignants et d'alléger le volet administratif de l'organisation du voyage.

Pour régler ce premier problème, cette proposition de loi vise à créer un fonds national d'aide au départ en voyages scolaires. C'est une mesure de bon sens qui ne nécessite qu'un faible effort budgétaire. Le ministère de l'éducation nationale a consacré, dans la circulaire du 13 juin 2023, le principe des classes de découverte comme un élément important du parcours scolaire mais aucune mesure concrète n'a été prise dans la loi de finances, si ce n'est celle introduite par un amendement dont nous espérons que le Gouvernement daignera le conserver.

Les enseignants qui organisent et accompagnent les voyages scolaires prennent beaucoup de leur temps familial et personnel et assument une responsabilité importante. Leur volonté et leur engagement ne suffisent cependant plus. Ils doivent faire face aux réticences des parents et essayer de les convaincre. Si l'école est derrière les enseignants, les parents auront moins d'appréhension à laisser leurs enfants partir. En effet, ce voyage pourrait être annoncé dès le CP, en tant que projet d'école. Cela serait une manière de mettre en application ce que les élèves auraient appris tout au long de leur scolarité. S'il est ancré dans les mémoires que chaque année, les CM2 partent en classe de découverte, cela aiderait peut-être les parents à lâcher prise.

Il est donc tout à fait normal que les enseignants aient droit à une reconnaissance du travail qu'ils accomplissent en faveur de leurs élèves, à travers une valorisation financière. C'est une première étape qui sera, espérons-le, prochainement engagée. Les différents rapports demandés au Gouvernement permettront de mieux connaître les modalités de financement des voyages et les besoins des enseignants. Peut-être pourrons-nous, dans un second temps, alléger les contraintes administratives.

En conclusion, la relance des classes de découverte dans le primaire n'est pas seulement un investissement dans l'éducation de nos enfants, mais aussi dans l'avenir de notre société. Ensemble, nous pouvons créer un environnement éducatif qui nourrit la curiosité, stimule la créativité et prépare nos jeunes à faire face aux défis du monde moderne. Les classes de découverte sont une chance pour ces enfants de vivre quelques jours ensemble en autonomie. Nous nous réjouissons donc que cette proposition de loi soit à l'ordre du jour. Le groupe Rassemblement national s'inscrit pleinement dans l'esprit de cette proposition et votera bien sûr en faveur de celle-ci.

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