Intervention de Sébastien Jumel

Séance en hémicycle du mardi 27 février 2024 à 21h30
Prix payés aux producteurs par les entreprises de transformation et de distribution agroalimentaires

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

Le profit des centrales d'achat, c'est le vol des agriculteurs. Le profit des industries agroalimentaires de Lactalis, de Danone, de Bigard, c'est le vol du revenu des agriculteurs. Le profit des firmes agroalimentaires de la grande distribution, c'est l'asphyxie de ceux qui veulent nous nourrir, pas mourir.

La poussée inflationniste que nous connaissons depuis 2021 n'est pas seulement une crise des coûts de production – comme certains pourraient le laisser croire –, mais une crise de valeurs. Nous devons nous en prendre au comportement vorace de ceux qui ont profité de la crise.

Le Fonds monétaire international (FMI) l'a dit : la hausse des bénéfices des entreprises représente près de la moitié de l'augmentation des prix en Europe au cours des deux dernières années. La Banque centrale européenne (BCE) l'a dit, rappelant que le moteur actuel de l'inflation, ce ne sont pas les salaires – le suspect habituel des libéraux, souvent évoqué –, mais les marges des entreprises. Le président de l'Autorité de la concurrence l'a dit : la persistance de l'inflation est en partie due aux profits excessifs des entreprises, notamment dans le secteur qui nous intéresse. Même la Banque de France a fini par le reconnaître. Ces références devraient vous parler, à vous les libéraux.

Devant tous ces constats, l'exécutif s'est cantonné à un attentisme béat, à des lois de bonnes intentions, laissant grandir un peu plus la crise agricole que, semble-t-il, vous êtes les seuls à ne pas avoir vu venir. Rien n'a été fait ou alors si peu : la politique de l'aumône et la communication de l'artifice.

Emmanuel Macron avait promis de mettre en place, le plus rapidement possible, un accord sur la modération des marges dans le secteur. Où est passée cette promesse ? Nous cherchons encore. Nous ne retrouvons pas non plus les multiples menaces, injonctions morales et autres supplications de Bruno Le Maire qui, au mois d'avril, demandait aux industries agroalimentaires de faire un effort. Où est passée cette annonce ? Qu'est devenue la promesse de Bruno Le Maire, au mois de mai, d'utiliser « l'instrument fiscal pour récupérer les marges » ? Enfin et surtout, où est la liste des industriels de l'agroalimentaire qui ont refusé de faire baisser les prix qu'il avait promis de rendre publique en juin ?

Toutes les promesses de régulation ont fait peur aux libéraux que vous êtes. Les états généraux de l'alimentation comme les lois Egalim 1, 2 et 3 avaient beau être pavés de bonnes intentions, dès le début nous avions considéré qu'en l'absence de régulation et de mesures mettant fin à la concurrence libre et non faussée des traités de libre-échange – que vous continuez à négocier en catimini –, nous ne serions pas capables de répondre à l'urgence consistant à donner le juste prix à ceux qui veulent nous nourrir et ne pas mourir.

J'ai ressorti trois des propositions du président Chassaigne…

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