Intervention de Noémie Ninnin

Séance en hémicycle du mercredi 28 février 2024 à 14h00
Conséquences de la loi immigration sur les enfants étrangers placés à l'aide sociale à l'enfance

Noémie Ninnin, chargée de plaidoyer France et expertise protection à l'Unicef France :

L'Unicef estime, comme vous, que les mineurs non accompagnés n'auraient pas dû figurer dans le projet de loi « immigration », étant donné qu'ils relèvent du droit commun relatif à la protection de l'enfance.

S'agissant de l'évaluation de la minorité, l'Unicef recommande d'appliquer la décision du Comité des droits de l'enfant des Nations unies du 25 janvier 2023, qui avait condamné la France en matière de prise en charge des MNA et de procédures d'évaluation. Cette décision précise qu'il faut respecter la présomption de minorité et que le mineur doit être pris en charge jusqu'à la décision judiciaire définitive. Autrement dit, jusqu'à ce que le juge des enfants se prononce sur sa minorité ou sa majorité, le jeune est présumé mineur.

En France, la procédure est très différente ; comme elle ne respecte pas la décision du Comité des droits de l'enfant, nous la considérons inconventionnelle. L'Unicef recommande de judiciariser la procédure pour obtenir, dès le début du processus, une intervention du juge des enfants qui peut statuer sur la minorité du jeune. L'évaluation relève des départements, mais nous recommandons au moins de prendre l'enfant en charge jusqu'à la décision judiciaire définitive, conformément au droit international.

Pour ce qui est de la traite, le fait que les jeunes non accompagnés en conflit avec la loi sont généralement des victimes reste trop rarement reconnu. Les rapports de la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ) comme les rapports d'information parlementaires indiquent que les jeunes sont en général victimes de réseaux ; on les drogue, on leur impose de voler pour rembourser leurs dettes. Pourtant, on ne considère pas ces enfants directement comme des victimes. Lorsque les indicateurs de traite sont reconnus, le principe de droit international qui s'applique est celui de non-sanction ; au contraire, le mineur doit être protégé. Aborder le problème par l'angle de la traite résoudrait beaucoup de problèmes dans la prise en charge. Nous recommandons donc d'utiliser des indicateurs susceptibles d'être évalués tout au long de la procédure pénale, pour protéger les mineurs victimes de traite.

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