Intervention de Emmanuel Vire

Réunion du jeudi 8 février 2024 à 9h45
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Emmanuel Vire, secrétaire général du Syndicat national des journalistes-CGT :

Je partage un grand nombre des propos qui viennent d'être tenus et remercie les élus qui se sont exprimés sur le vote d'hier. J'espère que cette erreur sera rapidement réparée.

S'agissant de l'audiovisuel public, la suppression de la redevance a constitué une très grande erreur, sous couvert de favoriser le pouvoir d'achat. Les synergies promues par Mme Dati sont seulement motivées par des motifs d'économie, aucune stratégie éditoriale n'est envisagée.

S'agissant des EGI, nous sommes un peu plus respectés qu'initialement. Nous avons été auditionnés une fois en intersyndicale par le groupe 3, piloté par M. Baldelli, et j'ai également été auditionné en compagnie de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Les conclusions des journées délibératives citoyennes sont intéressantes, mais il y a « à boire et à manger ». Parmi les aspects positifs, il me semble que les citoyens prônent le retour de la redevance. En revanche, je ne comprends pas la proposition d'un « ordre des journalistes », puisque nous sommes une profession salariée, avec un lien de subordination très fort.

Ensuite, la précarité constitue pour nous une question primordiale, bien avant les Gafam ou les ingérences étrangères. Notre précarité, c'est votre désinformation. Une profession aussi précarisée ne peut pas produire d'information de qualité. Il suffit simplement d'appliquer la loi Cressard et je souligne que le député Yannick Monnet est d'ailleurs en train de mettre en place un groupe de travail transpartisan sur ce sujet.

Le dialogue social est malheureusement très faible dans la branche de l'information et des médias. Les syndicats patronaux sont très éclatés et constituent à nos yeux des groupes de lobbying qui ont surtout pour objet d'aller chercher des aides publiques ou d'obtenir des modifications normatives. À ce propos, il semble que le lobby accepterait le droit d'agrément des rédactions en échange de la suppression de la clause de cession des journalistes. Depuis les « ordonnances Macron » de 2017, toutes les branches disposent d'une commission paritaire permanente de négociation et d'interprétation (CPPNI), mais nous ne parvenons pas à en établir une au sein la convention collective des journalistes. En effet, face à nous, les patrons ne veulent pas établir de dialogue social.

La question de la sécurité des journalistes doit s'envisager dans un cadre global. À la suite de notre victoire devant le Conseil d'État sur le schéma national de maintien de l'ordre, nous participons chaque mois à un comité de liaison avec le ministère de l'intérieur, pour faire le point sur la sécurité des journalistes, ce qui n'empêche pas les gardes à vue et les perquisitions de se poursuivre.

En tant que membre de la CGT, je ne suis naturellement pas opposé aux aides publiques, mais elles me posent problème lorsqu'elles tombent dans les poches des milliardaires. Si vous ne voulez pas agir contre la concentration des médias, la seule manière consistera à les attaquer au portefeuille, en conditionnant les aides au respect de la convention collective, du code du travail et de la protection des journalistes. Je rappelle que le total cumulé des aides directes et indirectes s'élève à 5 ou 6 milliards d'euros par an. Or je suis favorable à l'utilisation de l'argent public à bon escient.

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