Intervention de Elsa Faucillon

Séance en hémicycle du mercredi 6 mars 2024 à 22h00
Réparation des préjudices subis par les personnes condamnées pour homosexualité entre 1942 et 1982 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElsa Faucillon :

Le 20 décembre 1981 était examinée la proposition de loi dépénalisant l'homosexualité. Gisèle Halimi, rapporteure, affirmait alors : « La norme sexuelle ne se définit pas. Elle se dessine à l'échelle de chaque corps, de chaque enfance, de chaque culture, de chaque plaisir […]. » Je constate que ceux qui combattent ces propos, voire les exècrent, sont encore trop nombreux et que l'homophobie perdure dans notre société, créant des souffrances multiples.

Tenus il y a quarante ans, les propos de Gisèle Halimi conservent toute leur actualité et leur pertinence. Les réactionnaires guettent et le pinkwashing ne suffira pas à faire obstacle à la culture homophobe qui traverse la société et qu'il faut s'atteler à détricoter.

Ce combat n'est donc pas fini. La présente proposition de loi est nécessaire à la réparation, mais elle est aussi une pierre politique et symbolique supplémentaire apportée à la lutte contre les LGBTphobies.

Au Sénat, elle a été vidée d'une partie de son contenu initial. Les débats ont vu les sénateurs tenter d'absoudre l'État de ses responsabilités vis-à-vis de ces discriminations abjectes et de ces persécutions pourtant documentées. Cela témoigne d'une forme de persistance dont notre analyse doit tenir compte pour pouvoir combattre efficacement l'homophobie.

Les sénateurs ont d'abord cherché à renier l'existence de lois homophobes qui ne sont pas seulement à l'origine de souffrances, mais aussi de persécutions. Selon certains d'entre eux, les souffrances vécues par les homosexuels durant cette période seraient le fait « d'éléments extérieurs » et non de la loi elle-même. Or jusqu'en 1982, la loi pénalisait l'homosexualité. Par ailleurs, il n'est pas seulement question de mesures pénales, mais également d'un corpus législatif répressif qui a relégué l'homosexualité et les personnes homosexuelles aux marges de la société : je pense à l'obligation pour un locataire d'occuper son logement « en bon père de famille », supprimée en 1983, ou à l'obligation de « bonne moralité » des fonctionnaires, supprimée en 1984.

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