Intervention de Sophie Blanc

Réunion du mercredi 28 février 2024 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Blanc :

La danse, forme d'expression artistique riche et diversifiée, reflète les cultures, les traditions et les identités à travers le monde. Mais son enseignement manque souvent de normes professionnelles et de reconnaissance.

Cette PPL apporte des améliorations notables, mais comporte plusieurs lacunes significatives. Les exigences en matière de formation et de certification pour les enseignants de danse restent vagues. Cela pourrait compromettre la qualité de l'enseignement et la reconnaissance professionnelle des enseignants. Vous souhaitez, par exemple, que la formation dure trois ans après le baccalauréat afin de parvenir au niveau licence. Or cet allongement de la durée des études de danse ne figure pas dans votre texte.

Celui-ci ne prévoit pas non plus de ressources financières adéquates pour soutenir la professionnalisation de la danse, favoriser la formation continue des enseignants et l'accès aux infrastructures de danse ou satisfaire d'autres besoins logistiques qui nécessitent des investissements significatifs. Or, sans financement ni aide à l'investissement, la mise en œuvre de la loi risque d'être entravée.

La PPL ne tient pas compte des spécificités locales ou régionales en ce qui concerne les pratiques de danse, ce qui pourrait entraîner d'autres difficultés d'application. En effet, l'épanouissement des danses régionales en France, ancrées dans l'histoire, la culture et les traditions de leur région, se heurte au manque de moyens financiers consacrés à les promouvoir. Ces danses constituent non seulement des moyens d'expression artistique, mais aussi des témoignages vivants de l'histoire, de l'identité et de la richesse culturelle de chaque région. Il faut donc les préserver et aider à leur enseignement. La création de programmes de formation continue et de perfectionnement professionnel pour les enseignants de danse régionale est essentielle pour préserver et transmettre ces traditions. La loi ne prévoit pas ce type de financement, pourtant nécessaire à la transmission de notre patrimoine culturel vivant.

Elle devrait en outre garantir que l'enseignement de la danse sera accessible à tous, quels que soient l'âge, l'origine socio-économique, la condition physique ou le handicap. Cela pourrait nécessiter des mesures pour assurer l'accessibilité physique des installations ou encore réduire les barrières financières ou logistiques. Hélas, la PPL ne prend pas en compte les besoins des personnes handicapées. Elle fait donc une place insuffisante à l'inclusivité et à l'accessibilité. Il faudrait aussi introduire des formations continues obligatoires pour les professeurs de danse afin de les sensibiliser à la diversité des pratiques, à l'inclusion des personnes à mobilité réduite et aux danses régionales. Des formations pédagogiques seraient également souhaitables pour améliorer la qualité de l'enseignement. La PPL ne prévoit pas non plus de mécanisme de surveillance et d'évaluation pour vérifier l'efficacité de la mise en œuvre de la loi.

Nous apprécions cependant le renforcement du contrôle de l'honorabilité des professeurs – sur le modèle du code du sport –, d'autant plus légitime que ceux-ci sont amenés à exercer auprès de mineurs. L'encadrement de la construction, de l'aménagement, de la modification et de la suppression des locaux d'enseignement est du même ordre ; il s'agit d'une garantie de sécurité et de santé publique. Malgré nos réserves, nous saluons les avancées qui favorisent le bien-être des professeurs de danse et de leurs élèves. Le groupe RN votera donc ce texte.

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