Intervention de Laurent Esquenet-Goxes

Séance en hémicycle du jeudi 7 mars 2024 à 15h00
Professionnaliser l'enseignement de la danse en tenant compte de la diversité des pratiques — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Esquenet-Goxes :

Si j'osais, je vous dirais : yo !

Plus sérieusement, la danse est un art qui exprime des idées, suscite des émotions et raconte très souvent une histoire, mais aussi un sport, qu'un certain nombre de nos concitoyens pratiquent dans le cadre de leurs activités hebdomadaires.

Le diplôme d'État de professeur de danse, institué par la loi du 10 juillet 1989 relative à l'enseignement de la danse, est obligatoire pour enseigner la danse classique, contemporaine ou jazz. Depuis l'adoption de cette loi, la reconnaissance du métier de professeur de danse s'appuie sur des compétences pédagogiques et un niveau de qualification professionnelle : ces garanties structurent la profession. Or bien d'autres esthétiques sont enseignées, en particulier le hip-hop et les danses urbaines, qui se sont largement répandues ces dernières années. Elles l'ont fait dans un vide juridique, de sorte que les cours de danse, de plus en plus nombreux, étaient animés par des personnes non diplômées. Cela ne va pas sans poser problème s'agissant d'activités qui peuvent s'avérer dangereuses et s'adressent souvent à des enfants ou des adolescents.

Conscient de ces enjeux, le texte proposé, dans la continuité de la mission flash relative à la politique de la danse menée en 2021, vise à adapter l'encadrement de l'enseignement de la danse pour tenir compte des nouvelles disciplines chorégraphiques ainsi que des différentes voies d'accès à la formation professionnelle.

Le groupe Démocrate tient à vous remercier, mesdames les rapporteures, pour votre travail. Nous soutiendrons cette proposition de loi pour trois raisons principales. Premièrement, parce qu'elle prend en compte l'évolution et la diversité des pratiques de la danse : le hip-hop, puis les danses régionales de France – qu'il ne faut pas oublier –, la danse baroque, les danses du monde. Deuxièmement, parce qu'elle garantit, pour ces nouvelles esthétiques, un niveau de qualification pédagogique tenant compte des enjeux relatifs à l'anatomie du corps en mouvement dansé, à la santé et à la sécurité. Enfin, parce qu'elle autorise la formation par la voie de l'alternance.

Il s'agit de mettre à niveau un diplôme et une profession, celle de professeur de danse, et de faire en sorte que des professionnels issus de différents horizons esthétiques obtiennent le diplôme d'État après avoir suivi une formation spécifique.

Cette ouverture est particulièrement bienvenue au moment où le breaking, une des disciplines du hip-hop, est invité aux Jeux olympiques de 2024. Les performances en breakdance réalisées à cette occasion ne manqueront pas de susciter des vocations. Il importe donc que nous puissions répondre aux nouvelles demandes.

Nous saluons également le travail effectué en commission. Nous avons pu voter à l'unanimité l'amendement de notre collègue socialiste, M. Delaporte, visant à aligner les conditions d'honorabilité de la danse sur celles du sport. La protection des danseurs, dont la pratique artistique concourt bien souvent à leur construction personnelle, est une exigence sur laquelle nous ne pouvons transiger.

Si ce texte, issu d'un travail transpartisan, fait dans l'ensemble consensus auprès de la communauté artistique, deux points méritent notre vigilance : l'un concerne le devenir des professeurs de danse actuellement non diplômés – aussi des dispenses pour les professionnels qualifiés semblent-elles effectivement indispensables pour lever l'incertitude les concernant ; l'autre, les modalités d'institutionnalisation du hip-hop, qui ne sauraient le figer dans un certain style – les maquettes pédagogiques du DE devront ainsi garantir la représentation de ses différents courants.

Si la proposition de loi est votée, les décrets d'application devront donc tenir compte de l'avis des professionnels pour garantir que ce diplôme d'État ne dénature pas la culture du hip-hop et des danses urbaines. Il incombera au ministère concerné d'assurer progressivement l'accompagnement de l'écosystème en lui laissant le temps de s'adapter. À nous, législateurs, d'y être attentifs.

Pour toutes ces raisons, le groupe Démocrate votera ce texte.

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