Intervention de Caroline Fiat

Séance en hémicycle du jeudi 14 mars 2024 à 15h00
Discussion d'une proposition de loi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCaroline Fiat :

Je n'ai jamais porté plainte. En effet, une fois que les résidents qui s'étaient montrés violents ont été soignés et ont recouvré leur lucidité, ils ont pris la mesure de leur geste et ne s'en sont jamais remis. J'irai même jusqu'à dire qu'ils étaient autant victimes que moi de cette agression.

Cela fait sept ans que je vous parle de la maltraitance institutionnelle. Or elle fonctionne dans les deux sens. Quand on maltraite les patients ou les résidents, sans le vouloir, bien sûr, on subit cette violence en retour. La douleur, l'incompréhension des patients, des résidents, des familles les conduisent à maltraiter à leur tour le soignant qui leur fait face. Bien souvent, ils s'en veulent énormément ensuite, et c'est pour cette raison qu'il n'est pas toujours porté plainte.

La violence à l'encontre des soignants est inadmissible, je ne le répéterai jamais assez, mais qui est responsable ? Trente ans de politiques publiques – je n'accuserai personne car tout le monde est passé sur ces bancs – et tant de moyens retirés ! Pourquoi assiste-t-on à une telle recrudescence des violences ? Ne pourrions-nous pas faire le lien avec la réduction drastique des moyens ? Quand on a les moyens de recevoir les patients aux urgences, d'expliquer à la famille, dans la salle d'attente, les examens qui ont été faits à leur proche, combien de temps il faudra avant d'avoir les premiers résultats, qu'ils ont le temps d'aller prendre un café, les gens sont apaisés. Au lieu de cela, ils tournent en rond, attendent, ont peur, la pression monte, ils souffrent d'être dans l'incertitude du sort de celui qui est soigné – et s'il allait mourir ? Comment voulez-vous, dans ces conditions, qu'on ne nous hurle pas dessus, à nous qui ne prenons pas en charge cette douleur ?

Répondre pénalement à cette souffrance ? Sans moi ! Je peux être à vos côtés, monsieur le rapporteur, pour écrire un texte avec vous, voire avec M. le ministre, pour ne pas le laisser en dehors ,

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