Intervention de le général Christophe Gomart

Réunion du mercredi 28 février 2024 à 9h00
Commission des affaires étrangères

le général Christophe Gomart, ancien directeur du renseignement militaire et ancien commandant des opérations spéciales :

La gravité de la situation a été indéniablement sous-estimée dès le début. En 2014, personne n'avait imaginé que la Russie envahirait la Crimée, à tel point que certains services avaient retiré leurs agents d'Ukraine. J'oserais même affirmer qu'en France, jusqu'en 2022, personne ne se souciait vraiment de la situation ukrainienne.

Depuis, les pays européens sont devenus dépendants à la protection américaine, ce dont témoigne l'importante réduction des budgets de la défense, qui dans certains pays sont descendus sous la barre des 1 % du PIB. Les armées françaises sont sans doute les seules armées ayant conservé des moyens suffisants leur permettant d'être en capacité de réagir. Néanmoins, il leur manque de la masse et, dans cette guerre, la problématique porte sur le décalage entre l'armement de précision dont disposent les Occidentaux et l'armement de masse des Russes, qui au cours de leur histoire militaire se sont toujours appuyés sur leur artillerie. Les Russes disposent d'un stock de canons incomparablement supérieur à celui des Occidentaux.

Les capacités russes ont été sous-estimées, de la même manière qu'a été sous-estimée la capacité de résistance ukrainienne. Au début, tout le monde pensait que ce conflit serait l'affaire de quelques jours. Les Ukrainiens eux-mêmes n'ont pas cru les renseignements américains et britanniques annonçant une invasion imminente.

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