Intervention de Frédéric Mondoloni

Réunion du mardi 5 mars 2024 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Frédéric Mondoloni, directeur général des affaires politiques et de sécurité du ministère de l'Europe et des affaires étrangères :

L'envoi potentiel de troupes au sol en Ukraine, je le rappelle, n'a pas été évoqué lors de la conférence du 26 février, puisque le président de la République et le Gouvernement n'ont jamais eu l'intention de se lancer dans cette option. Il ne s'agit pas d'envoyer des troupes combattre les forces russes mais d'étudier les modalités d'une possible présence sur le territoire ukrainien pour accompagner l'élargissement de notre soutien l'Ukraine, ce qui est très différent. Tel a été l'objet des discussions.

Lors de la conférence de presse qui a suivi la conférence, un journaliste a évoqué l'envoi de troupes au sol. Le président de la République a répondu, je le cite, « Tout a été évoqué ce soir de manière très libre et directe. Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière officielle (…) Mais rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre ». Ensuite, si vous interrogez un chef d'État ou de gouvernement sur la possibilité d'envoyer des troupes au sol, il répondra évidemment par la négative. Mais cela n'entre pas en contradiction avec les propos du président de la République, puisqu'il n'a jamais dit le contraire. Je pense que, de ce point de vue, les choses sont claires.

Vous avez raison, Monsieur le député, de soulever le problème de la dissymétrie des narratifs. Nous avons à ce sujet commencé un travail coordonné entre le ministère de l'Europe et des affaires étrangères, le ministère des armées, le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) et Viginum, qui consiste à concevoir des contre-narratifs, au-delà de la communication classique. Ce travail est lourd et complexe, puisque notre démocratie, fort heureusement, n'est pas dirigée par des agents de renseignements ou par des généraux du KGB (Komitet Gossoudarstvennoï Bezopasnosti), comme c'est le cas en Russie. Nous n'avons ni les mêmes méthodes, ni les mêmes réflexes. Dans le combat hybride mené contre nous, il nous revient de développer les modalités de notre réaction.

Enfin, pour vous répondre sur la situation économique en Russie, je rappelle que nous nous basons sur les chiffres communiqués par les institutions internationales telles que le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale. La Russie entretient une opacité très forte et volontaire afin de masquer la réalité de sa situation, qui est bien moins favorable que ce qu'elle affirme. La liberté de la presse qui, contrairement à nos démocraties, n'existe pas du tout en Russie, est exploitée par elle à notre détriment. On voit d'ailleurs le porte-parole de l'ambassade de Russie à Paris s'exprimer régulièrement sur les chaînes de télévision françaises.

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