Intervention de Frédéric Mondoloni

Réunion du mardi 5 mars 2024 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Frédéric Mondoloni, directeur général des affaires politiques et de sécurité du ministère de l'Europe et des affaires étrangères :

Avant de répondre à votre question, madame la députée, j'aimerais revenir un instant sur le réarmement russe. Si la Russie, en effet, a transformé son économie en économie de guerre et a relancé sa production d'armements, je ne suis pas du tout certain qu'elle ait augmenté son niveau technologique. Il convient de souligner sa coopération accrue avec deux pays qui ne sont à la pointe ni de la démocratie, ni de la haute technologie, à savoir l'Iran et la Corée du Nord. La Russie est quasiment dépendante de l'Iran pour les drones et quasiment dépendante de la Corée du Nord en matière de livraison de missiles et de munitions, ce qui est significatif quant à ses choix d'alliances.

La question des avoirs russes à l'étranger revêt une grande complexité juridique. La Russie doit payer pour rembourser les dommages qu'elle a causés. Un travail très poussé sur le plan juridique est mené dans le cadre du G7 et dans celui de l'Union européenne. Les avoirs russes sont gelés mais ils ne sont pas confisqués car cette confiscation soulève d'importantes difficultés juridiques. Les États-Unis et la Grande-Bretagne considèrent que nous disposons de la base juridique nécessaire pour les taxer. La France, mais aussi l'Allemagne et l'Italie, n'ont pas la même analyse à ce jour. En revanche, nous progressons sur le sujet de l'utilisation des revenus et des profits d'aubaine de ces avoirs. La Commission européenne a formulé des propositions en ce sens et un consensus prend consistance. Nous espérons aboutir rapidement sur ce sujet.

L'AFD a renforcé sa présence dans les Balkans occidentaux, en Europe orientale, ou encore en Moldavie. Cette présence est importante, afin de ne pas se trouver en décalage par rapport à nos partenaires, en particulier l'Allemagne. Nous souhaitons en outre développer une coopération bilatérale entre l'AFD et l'Ukraine.

Le Kremlin ayant cassé le thermomètre permettant de mesurer l'état de l'opinion publique russe, il est extrêmement difficile de le connaître. Je m'associe à l'hommage rendu à notre ambassadeur en Russie et à son équipe qui travaillent dans un environnement très délicat. La propagande russe est si puissante que l'on peut estimer qu'une partie importante de l'opinion est favorable à la guerre en Ukraine, puisqu'il lui a été expliqué que la Russie n'avait pas d'autre choix. Mais à l'occasion de certains événements, comme les obsèques d'Alexeï Navalny, on pressent que, sous la chape de plomb, des braises restent intenses et ne demandent qu'à reprendre vie.

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