Intervention de Nicole Bacharan

Réunion du mercredi 6 mars 2024 à 10h30
Commission des affaires étrangères

Nicole Bacharan, politologue et chercheuse associée à la Fondation nationale des sciences politiques :

Il est très difficile d'émerger en tant que vice-président ou vice-présidente. Selon la Constitution, le vice-président a pour unique rôle de se tenir prêt si le président ne peut plus exercer ses fonctions. Le premier rôle de Kamala Harris était donc de ne pas faire d'ombre à Joe Biden.

Je rappellerai ici une déclaration du président Johnson, vice-président de John Kennedy à l'époque, qui disait : « Quand je rentre dans le Bureau ovale, j'ai l'impression d'être un vautour qui tourne autour de sa proie ». Cela traduit bien les tensions autour du rôle de vice-président. Dans une période plus récente, notamment avec les tandems Clinton-Gore, Bush-Cheney, Obama-Biden, les vice-présidents ont été chargés de dossiers importants qui leur ont permis d'exister. Il n'en fut pas de même avec Kamala Harris. Elle a dû négocier un dossier extrêmement compliqué sur l'immigration avec les pays d'Amérique latine mais ce n'est pas un sujet sur lequel on peut remporter un succès.

Cela dit, l'équipe de campagne de Joe Biden a conscience de la nécessité de mettre en avant Kamala Harris, son histoire personnelle, ce qu'elle représente mais aussi son talent. C'est une femme qui a poursuivi une carrière très brillante avant d'être brièvement sénatrice puis vice-présidente. En votant pour Biden, on sait bien que tout le monde regardera du côté de celle qui pourrait éventuellement lui succéder. Elle a des atouts intellectuels, notamment sur la question de l'avortement, qui sera très sensible. Elle est très présente dans la campagne, via ses tournées de discours, mais le résultat est loin d'être concluant. C'est une oratrice très mécanique, moins charismatique que sa belle figure – si j'ose dire – pourrait le laisser penser. À son crédit, je mettrais le fait qu'il est très difficile d'émerger en étant vice-président.

Quant à Jill Biden, c'est sans aucun doute la conseillère qui a le plus d'influence sur son mari, ce qui est traditionnel chez les présidents. C'est la dernière ou la seule qui lui dit vraiment la vérité. Elle ne semble pas avoir d'ambition politique. Du côté de Donald Trump, Melania est éminemment absente de toutes les étapes de la campagne. Chacun en tirera ses propres conclusions.

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