Intervention de Jean-Éric Branaa

Réunion du mercredi 6 mars 2024 à 10h30
Commission des affaires étrangères

Jean-Éric Branaa, maître de conférences à l'Université Paris-Assas et au centre Thucydide :

Vous avez compris que je crois dans l'avenir de Kamala Harris. Elle est le contraire de ce qu'on nous présente. Vous avez l'habitude de la presse, qui a des agendas et qui ne peut tout raconter. Le vice-président ne l'intéresse pas car, comme l'expliquait Nicole Bacharan, c'est le vautour sur sa branche qui est en train d'attendre.

Pourtant, Kamala Harris a joué un rôle très fort durant ce mandat. Elle a exercé, bien sûr, les prérogatives de président du Sénat, qui lui reviennent de droit par la Constitution. À cette fonction, elle a brisé onze votes, record absolu entre les deux partis, pour faire passer toutes les grandes lois dont nous avons parlé, que ce soit le plan climatique, le plan infrastructures, le plan de relance, etc. Elle a toujours été présente et a toujours tenu le rôle.

Dans le même temps, Kamala Harris est aussi quelqu'un qui a été en formation, avec un enseignant de la trempe de Joe Biden, qui a été le maître suprême de la politique étrangère aux États-Unis : il n'y a pas plus que compétent que lui dans ce pays. C'est auprès de lui qu'elle a appris, notamment pour l'Amérique du Sud, puisqu'elle a signé un accord diplomatique avec le Honduras pour le renvoi de migrants. Elle a aussi négocié avec l'Afrique, avec qui elle a relancé la coopération, dans un contexte d'immigration africaine croissante aux États-Unis, via l'Amérique du Sud. Kamala Harris a aussi dirigé, depuis trois ans, la délégation américaine à la Conférence de Munich sur la sécurité, qui compte tout de même Anthony Blinken et Hillary Clinton. Elle a été celle qui, le 22 février 2022, a déclaré que Poutine était un dictateur. Cette parole forte prononcée sur le sol européen, c'est bien la vice-présidente qui l'a portée. Elle a également réalisé une tournée asiatique triomphale, parce qu'elle est reconnue dans ces pays et parce qu'il était important pour les Américains d'y mettre le pied.

En d'autres termes, elle s'est formée en politique étrangère. Au sein du parti démocrate, personne n'a son expérience dans ce domaine, hormis les membres de la commission des affaires étrangères du Sénat, qui peuvent prétendre avoir une connaissance sur ce terrain.

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