Intervention de Jean-Éric Branaa

Réunion du mercredi 6 mars 2024 à 10h30
Commission des affaires étrangères

Jean-Éric Branaa, maître de conférences à l'Université Paris-Assas et au centre Thucydide :

Je tiens à partager le plaisir que j'ai eu à intervenir aux côtés de mes deux confrères, que je considère comme deux très bons spécialistes. Généralement, si vous écoutez de très bons spécialistes, vous pouvez vous y retrouver, même s'ils ne sont pas de votre bord. À l'inverse, certains inventent, en marchant, ce qu'ils croient être les États-Unis.

Dans mon introduction, j'évoquais l'ambassadeur Bujon de l'Estang, qui expliquait à quel point les Américains étaient très différents de nous et qu'il fallait donc les étudier. C'est l'œuvre d'une vie que de les étudier. C'est bien ce que nous avons fait les uns et les autres, et c'est pour cette raison que, même si nous ne sommes pas nécessairement d'accord sur tout, nous nous efforçons de restituer ce qu'est ce pays, certes de manière très imparfaite, avec nos différences et nos rencontres.

J'aimerais terminer sur un propos qui pourrait déplaire. Je me suis interdit de vous dire si j'étais plutôt pour Trump ou Biden. J'ai écrit des livres sur les deux personnages, en m'efforçant d'en présenter les avantages et les inconvénients. Lorsque je disais tout à l'heure que Donald Trump fait toujours ce qu'il dit, j'ai oublié de mentionner qu'il ne faisait pas tout ce qu'il dit.

J'ai eu l'occasion de le dire hier soir à un interlocuteur républicain avec qui je débattais – de manière très courtoise – sur un plateau de La Chaîne info (LCI). Donald Trump a promis beaucoup de choses qu'il n'a pas faites. Le mur n'existe toujours pas ; les Mexicains n'ont rien payé ; l'usine Ford qui ne devait pas être délocalisée au Mexique y a finalement été installée ; les 40 % de taxes sur les automobiles n'ont pas été appliquées ; le Muslim ban a été aboli par les cours.

Je pourrais continuer des heures au regard de la ribambelle de choses que Donald Trump affirme tous les jours. Avec quelqu'un qui parle autant, il convient de séparer le grain de l'ivraie. En général, et c'est plutôt rassurant, la plupart des propos effrayants qu'il tient ne sont que des éléments de langage dans le cadre d'une campagne électorale.

En tout cas, les Américains n'ont plus peur de Trump. Des surprises sont toujours possibles au moment du scrutin, qui se jouera véritablement sur six États. J'en rajouterais un septième depuis hier soir, à savoir le Minnesota, qui n'est pas un swing state mais qui a vu émerger, dans la primaire démocrate, ce vote blanc de plus en plus inquiétant dans le pays, et que je vais donc surveiller comme le lait sur le feu. L'élection se jouera à rien et vous aurez l'occasion d'observer ce qu'il se passe par la suite dans ce très beau pays.

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