Intervention de le général Thierry Burkhard

Réunion du mercredi 31 janvier 2024 à 10h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

le général Thierry Burkhard :

Les espaces maritimes sont des espaces communs, jusqu'alors considérés comme « appartenant » à tout le monde. La compréhension des espaces communs évolue. Nombreux sont ceux qui, désormais, les considèrent comme des espaces qui ne sont à personne, et qui sont donc à conquérir et à contrôler. Cette évolution de la façon dont certains de nos compétiteurs voient les choses étend la conflictualité à ces espaces.

Les espaces maritimes sont des zones de ressources et de transit, qui sont autant de richesses convoitées. Pour les pays du littoral africain, une large part de l'alimentation des populations des pays côtiers dépend de leurs ressources halieutiques. Les enjeux de contrôle et d'exploitation durable sont cruciaux. Les terres rares et les hydrocarbures attisent également les convoitises. La piraterie soulève des problèmes sécuritaires.

Il s'agit donc d'un problème complexe, particulièrement prégnant en Afrique. S'agissant d'espaces communs, il doit tout spécifiquement être traité en coopération avec d'autres pays. L'Union européenne (UE) a acquis une certaine expérience en la matière, dont il faut profiter et qu'il faut enrichir. Dans ce domaine, notre coopération avec les pays africains, notamment dans le golfe de Guinée, est assez avancée, quoique perfectible. Plusieurs initiatives et protocoles ont déjà été adoptés.

En mer Rouge, nous avons affaire à un acteur qui cherche à placer un espace maritime, et les flux qui y transitent, sous contrainte. L'importance de la mer Rouge était connue, la possession par les Houthis de missiles antinavires, de radars et d'une capacité de blocage aussi. Nous pensions pouvoir gérer les conséquences de cette situation. En réalité, elles sont assez difficiles à gérer, faute d'avoir laissé se développer cette menace latente, mais sans pour autant que la réponse soit forcément uniquement militaire.

Le travail en coopération entre pays européens n'est pas chose aisée, mais nous sommes sur la bonne voie. Une opération européenne est en cours d'élaboration pour assurer la sécurité des flux maritimes en mer Rouge.

La France y contribuera, en appui des pays qui ont souhaité prendre la tête de l'initiative. Il ne s'agit pas d'un manque d'ambition, mais de la volonté de donner envie aux autres pays d'exercer des responsabilités et de les y aider. Nous sommes nation-cadre de l'opération AGENOR, mais nous ne sommes pas les seuls à disposer d'une expertise de la zone. Si nous voulons augmenter notre niveau de coopération avec nos alliés, nous devons aussi savoir contribuer sous d'autres leaderships.

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