Intervention de Pascal Bugis

Réunion du jeudi 7 mars 2024 à 10h00
Commission d'enquête sur le montage juridique et financier du projet d'autoroute a

Pascal Bugis, maire de Castres :

Avant mon élection, j'ai le souvenir que plus de mille acteurs économiques et politiques du territoire, de la région, du département, et des départements voisins s'étaient réunis lors d'un rassemblement pour réaffirmer la nécessité d'engager des actions afin de désenclaver notre bassin d'emploi et de vie. À l'époque, le choix avait été fait d'aménager en priorité la route nationale 126 en deux fois deux voies. Un projet futur de débouché vers la Méditerranée était également envisagé, soit via le franchissement de la montagne Noire par Carcassonne, soit via l'ouverture vers Béziers puisqu'une voie y existait déjà et pouvait être aménagée.

Dès 1989, une charte a été signée par l'ensemble des acteurs du territoire. M. Arnaud Mandement a également rappelé l'existence d'engagements de nature associative tels que les Comités de bassin d'emploi (CBE). Je n'ai pas remis en cause la manière selon laquelle mon prédécesseur avait conduit ce dossier lorsque j'ai été élu. Dans le cadre de ce travail de fond sur l'attractivité du territoire, j'ai entretenu des relations aussi cordiales que possibles avec l'ensemble des décideurs locaux, de la commune de Castres, de la communauté d'agglomération de Castres-Mazamet et du département du Tarn.

Quand il s'agissait d'aborder les sujets relatifs au désenclavement autoroutier de Castres, mes relations ont toujours été excellentes, tant avec M. Thierry Carcenac, président du conseil général du Tarn, qu'avec son successeur, M. Christophe Ramond, ainsi qu'avec M. Martin Malvy, président du conseil régional de Midi-Pyrénées de 1998 à 2015, et Mme Carole Delga, présidente du conseil régional d'Occitanie depuis 2016.

J'ai également entretenu de bonnes relations avec les ministres des transports qui se sont succédé et qui ont bien voulu se rendre dans le Tarn afin de constater la situation qui est la nôtre. Je les ai reçus et je leur ai expliqué la situation pour qu'ils comprennent bien que nous nos demandes ne relevaient pas du caprice, mais que nous essayions de résoudre les problèmes existentiels auxquels notre territoire était confronté.

Lorsque vous avez été élu, monsieur le président Jean Terlier, nous nous sommes également entretenus sur le sujet. J'ai également échangé avec des sénateurs. En somme, j'ai échangé avec tous les acteurs souhaitant s'impliquer dans le projet. À la quasi-unanimité, ils ont partagé les préoccupations qui étaient les miennes, parce que les réalités de terrain s'imposent très rapidement dès qu'un temps est pris pour ausculter le Sud du Tarn, que je connais peut-être trop pour disposer d'une vision totalement objective de la situation.

Nous nous sommes beaucoup mobilisés dans le débat public. Certains aspects de notre mobilisation pourraient même paraître dépassés aujourd'hui. Nous avions réalisé un Lip dub qui avait suscité quelques moqueries. Je l'assume complètement, car même s'il fait partie d'une série d'actions menées qui n'étaient pas déterminantes, elles ont néanmoins permis de retranscrire la vision des habitants du Sud du Tarn.

Les habitants du Sud du Tarn rencontrent des difficultés pour aller de Castres à Toulouse ou de Mazamet à Toulouse. Il est compliqué pour eux d'accomplir des actes de la vie courante dès qu'il s'agit de rejoindre la métropole toulousaine. Malheureusement, il semble que nous serons de plus en plus obligés de recourir aux services de la métropole parce que les territoires des villes moyennes peinent à recruter des médecins, par exemple, et rencontrent des difficultés pour proposer une offre suffisante en matière d'enseignement supérieur. Les déplacements vers la métropole persisteront et s'intensifieront certainement. Nous ne pouvons pas vivre en autarcie. Nous sommes contraints, pour des raisons personnelles et professionnelles, de nous rendre régulièrement à Toulouse.

La proximité de Castres avec Toulouse est une chance, mais nous devons aussi disposer de la chance d'être une vraie ville d'équilibre, c'est-à-dire dans laquelle nous trouvons encore un certain nombre de services nous évitant le recours systématique à la métropole. Maintenir l'enclavement de l'agglomération de Castres-Mazamet est un très mauvais calcul sur le plan de l'aménagement du territoire, car il est possible de développer un certain nombre de services secondaires dans un bassin de vie de 100 000 à150 000 habitants.

Le centre hospitalier de Castres est un centre hospitalier de qualité, mais nous avons besoin d'attirer des médecins et leurs conjoints et donc de leur offrir la possibilité de se déplacer aisément vers Toulouse s'ils préfèrent habiter au sein de la métropole. Certains effectuent le choix d'habiter à Toulouse même s'ils travaillent à Castres, car ils pensent parfois que la métropole toulousaine dispose d'une meilleure offre d'enseignement pour leurs enfants, ou d'une offre culturelle plus riche.

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