Intervention de Hendrik Davi

Réunion du mardi 5 mars 2024 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHendrik Davi :

Le président Emmanuel Macron n'est plus à une contradiction près. Le 7 décembre 2023, il estimait que « la France est un grand pays de recherche et doit le demeurer » – ce sont les mots. Deux mois plus tard, le Gouvernement publie un décret annulant 10 milliards d'euros de crédits, dont plus de 900 millions d'euros des crédits de la Mires. Votre ministère, madame, est le troisième plus fortement touché par l'austérité – ce sont les actes. Avant ces annonces déjà, la France plongeait. En 1993, notre pays consacrait 2,3 % de son PIB à la recherche et au développement ; nous nous classions à l'époque au quatrième rang des pays de l'OCDE mais nous étions largement au-dessus de la moyenne européenne, qui était de 1,6 %. Trente ans plus tard, la France est passée au 18e rang des pays de l'OCDE, avec un effort de recherche de 2,2 % du PIB, dans la moyenne européenne.

Depuis 2017, votre majorité met en œuvre une politique délibérément défavorable au savoir et au service public de l'enseignement supérieur et de la recherche. Il y a une certaine cohérence entre les coupes budgétaires et le discours d'Emmanuel Macron en appelant en décembre 2023 à l'Acte II de l'autonomie des universités. Ainsi, les universités ne pourront pas organiser la saignée de leurs réserves sans baisser les salaires réels et les recrutements, puisque les mesures de revalorisation salariale n'étaient déjà compensées par l'État que pour moitié – mais puisqu'elles sont autonomes, elles n'ont qu'à se débrouiller ! Le président de la République préconisait la refondation des missions dévolues aux établissements de recherche tels que le CNRS, avec la volonté à peine cachée de les démanteler progressivement et d'en finir avec le statut de chercheur. C'est cohérent avec les coupes massives dans le programme Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires qui supporte plus d'un tiers d'économies. Les chercheurs et les universitaires sont fatigués, et nous sommes très loin de l'émancipation des acteurs que vous revendiquez. Jamais le besoin de recherche scientifique et de qualifications pour nos jeunes n'a été aussi important ; peut-être serait-il temps, madame la ministre, que vous démissionniez pour protester contre ces politiques qui nous mènent dans le mur.

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