Intervention de Julie Lechanteux

Réunion du mercredi 13 mars 2024 à 15h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulie Lechanteux :

« Demain, tous les contenus à disposition du grand public seraient fournis par l'IA générative, avec, derrière, des journalistes qui travailleraient en direct pour une espèce de ferme de production. » C'est ainsi que Pierre Pétillault, directeur général de l'Apig, exprime l'inquiétude des éditeurs de presse quant à l'expansion de l'IA générative.

En décembre dernier, le New York Times a porté plainte contre OpenAI, la société ayant créé ChatGPT, et Microsoft, son principal investisseur, pour violation du droit d'auteur. L'IA générative – ChatGPT par exemple – a besoin de brasser une masse d'informations énorme afin de s'entraîner et se perfectionner. Les éditeurs de presse en ligne sont donc les fournisseurs de sa matière première, comme le dit Emmanuel Parody, secrétaire général du Groupement des éditeurs de services en ligne, ce qui soulève un important problème en matière de respect des droits voisins du droit d'auteur.

Cela rappelle leur âpre lutte contre les géants du numérique, Google et Meta, qui, par des plateformes telles que Google Actualités ou Facebook News, captaient l'essentiel de la publicité numérique en utilisant des contenus journalistiques financés par des entreprises de presse. Ce n'est ni plus ni moins qu'une forme de prédation : exploiter les contenus des entreprises de presse en référençant les informations produites et en les mettant gratuitement à disposition des internautes. Si ce référencement génère du trafic sur les sites des éditeurs de presse, ce bénéfice est sans commune mesure avec les revenus publicitaires qu'en tirent les plateformes. Ces dernières années, les revenus des éditeurs ont été asséchés par le détournement des annonceurs publicitaires vers les plateformes numériques. Sur les dix dernières années, la presse a perdu 50 % de ses revenus publicitaires, captés à 90 % par les Gafam. Certes, des accords en matière de droits voisins ont été trouvés entre les mastodontes américains, les éditeurs et les agences de presse, mais ils sont trop souvent jugés insuffisants par ces derniers.

Quel rôle le Gouvernement compte-t-il jouer pour protéger nos éditeurs de presse et garantir notre souveraineté culturelle et numérique ?

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