Intervention de Stéphane Lenormand

Réunion du mardi 26 mars 2024 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Lenormand :

Nous remercions nos collègues du groupe Écologiste-NUPES d'avoir inscrit ce texte à l'ordre du jour. L'avenir de la presse et de nos médias est préoccupant. Le sujet que vous nous proposez d'étudier est majeur. Garantir l'indépendance et le pluralisme de nos médias est un impératif démocratique à l'heure où de grandes fortunes prennent le contrôle des médias et peuvent faire pression pour influer sur leur contenu.

Le texte résonne avec l'actualité du week-end. La mise à pied du directeur de la rédaction du quotidien La Provence, même s'il a ensuite été réintégré, ne peut que confirmer les craintes d'ingérences éditoriales et de pressions exercées par certains grands actionnaires. Tel est d'autant plus le cas que cet épisode survient juste après la promesse de rachat d'Altice Media formulée par le groupe CMA CGM, énième exemple de l'important processus de concentration des médias en cours, qui fragilise le rapport des citoyens à l'information.

Il faut contrer la perte du lien de confiance entre médias et public, qui a des conséquences jusque dans nos institutions. L'accès des citoyens à une presse libre et indépendante est un préalable fondamental à toute démocratie. Nous avons tous le souvenir de l'offre publique d'achat du groupe Vivendi sur Lagardère et celui de la nomination de Geoffroy Lejeune à la tête du Journal du dimanche contre l'avis des journalistes, laquelle a suscité la présente proposition de loi, que nous soutenons.

Garantir la liberté éditoriale des médias, c'est garantir aux citoyens l'accès à une information indépendante et transparente. Pour ce faire, les journalistes doivent être consultés sur la ligne éditoriale, donc sur la personne chargée de diriger la rédaction. Conditionner les aides publiques des titres de presse et l'autorisation d'un canal de diffusion des chaînes de radio et de télévision à un vote des journalistes employés est une garantie bienvenue. Certains titres de presse ont d'ores et déjà adopté une telle procédure.

En tout état de cause, il reste beaucoup à faire pour protéger nos médias et nos journalistes. Tel est l'objet des EGI, auxquels nous participons et dont nous espérons qu'ils permettront d'aboutir à l'adoption d'une législation protégeant mieux la liberté des médias. Il faudra aussi se pencher sur les recommandations émises par nos collègues Isabelle Rauch et Inaki Echaniz sur l'évolution de la loi « Bloche ». Notre groupe a déposé plusieurs amendements visant à renforcer les chartes déontologiques.

Protéger les journalistes, c'est aussi lutter contre leur précarité et leur garantir des conditions d'exercice sereines, en s'attaquant en premier lieu aux procédures-bâillons. Cette démarche va de pair avec la lutte contre les phénomènes de concentration à l'œuvre. Pour ce faire, il faut élaborer un nouveau modèle économique garantissant des revenus suffisants, car les recettes publicitaires des médias traditionnels ont été divisées par deux en dix ans, les abonnements numériques stagnent et l'intelligence artificielle aspire gratuitement les contenus des médias.

Nous soutiendrons le texte, qui, compte tenu du contexte que je viens de décrire, est bienvenu.

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