Intervention de Anne Stambach-Terrenoir

Réunion du jeudi 14 mars 2024 à 14h00
Délégation aux droits des enfants

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnne Stambach-Terrenoir :

Merci pour votre parole, votre courage et votre colère. Votre histoire m'a d'autant plus bouleversée qu'elle s'est déroulée en partie sous mes yeux, comme sous ceux de l'ensemble de la société, qui a laissé faire. En effet, tout le monde savait.

C'est même pire. Comme Vanessa Springora, vous révélez une forme de droit d'agresser de l'artiste au nom de l'excellence de son art, tandis que l'on déguise sa victime en muse. Il y a une forme totalement intolérable de glamourisation des abus afin de les justifier.

Cela pose la question de la pose d'un cadre protecteur pour les enfants-artistes au sein d'une société où l'on aime tant les prodiges – dans le cinéma, la musique, le sport ou la danse. On les jette dans une vie d'adulte avec des adultes, sans qu'ils aient les armes pour y faire face. Cela les place dans une position d'extrême fragilité, propice à l'influence, à l'emprise et à la violence. Vous avez eu ces mots terribles : « Un enfant qui a eu peur aura peur toute sa vie. »

La loi ne prévoit pas de suivi de la pratique professionnelle des enfants-artistes, ni d'assistance sociale pour prévenir les risques. Vous avez évoqué des pistes intéressantes, en relevant notamment le manque flagrant d'exigence du cadre des castings et en proposant d'imposer la présence d'un référent pour l'enfant lors des tournages. Pourriez-vous détailler davantage cette idée d'accompagnement pratique ou psychologique, afin de nous aider à légiférer ? Les milliers de témoignages que vous avez reçus – qui n'émanent probablement pas seulement du milieu du cinéma – vous ont-ils orientée vers d'autres pistes ?

Je ne connaissais pas le milieu du cinéma et j'ai découvert que les autorisations de tournage pour un mineur de 16 ans relevaient seulement du préfet, par l'intermédiaire de la direction régionale des affaires sanitaires et sociales (Drass). Ne pourrait-on pas imaginer un mécanisme qui permette d'anticiper davantage le risque, en conditionnant l'octroi d'une autorisation à la réalisation d'une enquête sur les risques psychosociaux, en ce qui concerne tant l'équipe que le réalisateur qui fait la demande ?

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