Intervention de Laurence Cristol

Séance en hémicycle du mardi 2 avril 2024 à 15h00
Prévention en santé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Cristol :

Deux ans après le premier débat organisé sur le sujet à l'initiative de Régis Juanico et Marie Tamarelle-Verhaeghe, je tiens d'abord à remercier le groupe MODEM et notre collègue Cyrille Isaac-Sibille d'avoir mis à l'ordre du jour ce débat sur le pilotage de la politique de prévention en santé dans notre pays.

Nous le savons, les indicateurs concernant l'état de santé de la population ne sont pas bons. Notre population est vieillissante et nous avons devant nous un mur démographique : en 2030, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans. Notre espérance de vie sans incapacité reste inférieure à celle de certains de nos voisins européens. Elle varie fortement selon d'où l'on vient et où l'on vit, d'autant que les inégalités sociales et territoriales en matière de santé augmentent – la faible participation aux dépistages des cancers en témoigne, tout comme la persistance de certaines habitudes de vie, notamment les addictions et déséquilibres alimentaires ou le manque d'activité physique.

Enfin, les maladies chroniques, qui concernent entre 35 et 40 % de la population, ont largement remplacé les maladies infectieuses. Au total, seul un Français sur deux arrive à l'âge de 65 ans en bonne santé, et on estime que plus d'un tiers des décès prématurés sont évitables.

Construit pour une population plus jeune, en meilleure santé et dans le but de traiter des pathologies aiguës, notre système de santé s'est structuré au fil des dernières décennies autour d'une approche essentiellement curative et cloisonnée. Les dépenses de santé augmentent, représentant 12 % du PIB, et celles consacrées directement à la prévention demeurent très faibles. En outre, la politique de prévention souffre de difficultés de pilotage liées à la multiplication de plans de qualité inégale, qui ne sont d'ailleurs pas toujours appliqués – il y en a eu pas moins de cinquante et un entre 2003 et 2013.

De tels constats, dressés à grands traits, ne signifient pas que rien n'a été entrepris depuis 2017, bien au contraire. Lors de l'examen des deux derniers PLFSS, lorsque nous avons adopté les quatre rendez-vous de prévention aux âges clés de la vie, nous avons fortement investi pour encourager des comportements favorables à la santé et faire évoluer les pratiques professionnelles.

En sept ans, de larges progrès ont également été réalisés dans les domaines de la consommation de tabac, de la vaccination, de la santé sexuelle ou des 1 000 premiers jours de la vie. Ainsi, la prévalence du tabagisme quotidien a atteint des chiffres historiquement bas : il concerne désormais moins de 25 % de la population, contre 30 % en 2017. C'est le résultat d'une politique volontariste liant augmentation du prix du paquet, multiplication des dispositifs d'accompagnement et dénormalisation du tabac dans l'espace public.

D'un point de vue plus structurel, il faut saluer la stratégie nationale de santé 2018-2022 et le déploiement d'un plan national de santé publique comportant des actions aux âges clés de la vie ; ce fut une grande réussite, qui a permis un pilotage fort et interministériel jusqu'à la crise sanitaire.

Le temps de mon intervention étant limité, je souhaite insister sur deux enjeux qui m'apparaissent essentiels pour l'avenir. D'abord, notre pays doit se doter d'un pilotage structuré en matière de prévention. Il faudrait pouvoir remplacer les cinquante et un plans de santé publique que j'évoquais par un document unique plus cohérent. Un tel document permettrait de définir des objectifs clairs, de hiérarchiser des priorités, elles-mêmes intégrées dans un calendrier précis, de désigner des acteurs responsables et d'établir des indicateurs de suivi.

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