Intervention de Xavier Palous

Réunion du mercredi 27 mars 2024 à 15h30
Commission d'enquête sur le montage juridique et financier du projet d'autoroute a

Xavier Palous, président de la Coordination rurale du Tarn :

Nous regrettons que cette audition ait lieu tardivement. Les interlocuteurs entendus plus tôt, appartenaient à la chambre d'agriculture – donc des administratifs plutôt que des professionnels. Nous aurions aimé discuter davantage entre syndicats des contraintes, comme des points positifs, que pouvait amener le projet.

Pour notre part, nous avons toujours été favorables à l'autoroute, pour le département d'abord. L'autoroute permettra en effet de désenclaver les habitants de la montagne, pour lesquels la capitale régionale est difficile d'accès. C'est une excellente nouvelle pour eux, notamment en matières de santé et de sécurité. Cela fait quarante ans que nous attendions cette réalisation – notre syndicat n'était pas né. Nous sommes pour le développement économique du monde rural. Or, pour faire vivre la ruralité, il faut des agriculteurs qui drainent autour d'eux l'école, les petits commerces, les artisans, etc. Toute cette vie doit être alimentée et reliée au monde moderne par une autoroute, qui permettra précisément de maintenir notre activité économique.

Castrais et agriculteurs, nous faisons partie de l'économie locale. À la fois rurale et urbaine, la très grande commune de Castres correspond à un bassin 150 000 emplois, notamment agricoles. Quand je me suis installé, nous étions 320 agriculteurs, aujourd'hui, tout bien compté, nous voilà à peine une dizaine ! On va dire que c'est une évolution… On veut nous réduire. Nous voudrions faire une agriculture artisanale, et non industrielle. Nous sommes en mesure de produire des produits de terroir d'une qualité qu'aucun autre pays n'est capable d'atteindre – nous sommes inscrits au patrimoine mondial de la gastronomie. Nous produisons par exemple dans notre secteur 280 variétés de fromages sur les 1 200 que compte la France. Notre histoire, singulière dans le monde, doit déboucher sur un développement de notre région, aussi grande que l'Autriche ou l'Irlande.

Il nous faut suivre le train, sinon nous serons absents. Il faut vivre avec son temps. Je me réjouis donc de la construction de cette autoroute. Doubler la route nationale aurait coûté trop cher. Les habitants auront ainsi le choix entre l'autoroute et la route actuelle. Ils feront comme ils le décideront. Pour nous, c'est très important.

Mais en tant que propriétaires du sol, nous avons été un peu spoliés par rapport à la partie commerciale qui se développera avec cette autoroute : le prix du sol ne représente qu'un 150e du coût de la réalisation. On nous a mis de côté. Nous n'avons d'ailleurs pas été convoqués. Il aurait vraiment fallu communiquer davantage. Les choses sont désormais bien avancées. Je me rends très souvent à Toulouse et je vois qu'une bonne partie du chantier est réalisée.

S'agissant de la partie vers Castres, 2,5 millions d'euros ont été prévus à titre de compensation pour les 25 hectares utilisés. Je regrette que le montant de l'ensemble des compensations soit de seulement 3 millions pour la partie comprise entre Saïx et Verfeil. Nous aurions préféré que ce montant soit consacré intégralement à l'indemnisation de l'utilisation du foncier, plutôt que de ne couvrir qu'un tiers, voire un quart de sa valeur.

En résumé : oui à l'A69, mais on nous a un peu pris pour Jacquou le Croquant.

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