Intervention de Amélie Oudéa-Castéra

Réunion du mardi 9 avril 2024 à 16h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Amélie Oudéa-Castéra, ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques :

Je voudrais à mon tour saluer le travail mené par plusieurs des députés ici présents pour assurer la bonne préparation des Jeux et, plus largement, la promotion de l'activité physique et sportive dans notre pays. La Semaine olympique et paralympique (SOP) et la grande cause nationale sont autant de chantiers qui, à quelques jours du J-100 des Jeux, prennent tout leur sens.

En retrouvant les JO d'été pour la première fois depuis un siècle, et en organisant ses tout premiers Jeux paralympiques d'été, la France porte une ambition très claire : devenir la nation sportive qu'elle a tout pour devenir, tout en permettant aux Français, à l'été 2024, de faire plus que jamais nation par le sport.

Nous avons traduit cette ambition en actes : aucun autre Gouvernement n'a conduit une politique sportive aussi ambitieuse pour notre pays. Elle commence à porter ses fruits puisque nous comptons d'ores et déjà trois millions de pratiquants supplémentaires depuis 2017 – et ce n'est que le début !

Le premier enjeu est de réussir les Jeux de Paris 2024 et d'en faire, dans un peu plus de cent jours, à la fois les plus iconiques et les plus responsables de l'histoire. J'ai coutume de dire que la réussite des Jeux comprend quatre dimensions : l'organisation, la performance des athlètes, l'engagement et l'héritage.

En ce qui concerne l'organisation, nous sommes dans nos « temps de passage » pour la livraison de Jeux exemplaires. La Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) parachève l'exploit inédit dans l'histoire des Jeux de bâtir l'ensemble des infrastructures dans le respect des coûts et des délais, mais aussi aux meilleurs standards sociaux et environnementaux, comme pour la Marina de Marseille et le Centre aquatique olympique, que nous avons inaugurés la semaine dernière.

Sur le plan de la sécurité, notre mobilisation, comme celle du ministère de l'intérieur, est maximale. Le soutien du Gouvernement à la filière de la sécurité privée porte ses fruits, avec plus de 18 000 entrées en formation et plus de 10 000 recrutements sécurisés. Les plans de mobilisation de nos forces sont calés, ainsi que leurs conditions d'engagement à l'été 2024. La préparation de la cérémonie d'ouverture fait l'objet d'une vigilance particulière, et la billetterie pour les quais hauts repose sur des tiers de confiance. Les périmètres de sécurité et de restriction de circulation définitifs sont désormais connus, et les outils de vidéosurveillance et de criblage prévus par la loi sont opérationnels.

Concernant les transports, nos grands chantiers d'infrastructures sont également parfaitement dans les temps, comme en atteste le lancement réussi, sous l'égide de la RATP, du nouveau système de pilotage automatisé de la ligne 14 qui sera la colonne vertébrale de la desserte des Jeux. Les plans de transport sont stabilisés avec, sur de très nombreuses lignes, une offre renforcée de 15 %, et, si nécessaire, jusqu'à 60 %. La démarche de gestion de la demande, dont le pivot est le site anticiperlesjeux.gouv.fr, a été lancée avec succès avec le ministère des transports ; des ateliers territoriaux sont organisés par les préfets pour communiquer au plus près du terrain. Le dialogue social se poursuit, qu'il soit mené dans le cadre des plans de maintien d'activité des administrations publiques, ou en autonomie par les opérateurs de transport auprès de leurs agents.

Le sujet de l'accessibilité aux personnes en situation de handicap est extrêmement important. Je veux saluer à cet égard le travail collectif réalisé depuis de nombreux mois, notamment par nos groupes d'experts d'usage, pour rattraper le retard qu'avait pris notre pays. Aux côtés des collectivités et des opérateurs de transport, l'État prend toute sa part, prévoyant : la mise en accessibilité de 65 gares en Île-de-France ; le cofinancement de la mise en accessibilité des cheminements entre les gares et les sites ; la mise en place d'un fonds de 100 millions d'euros fléchés vers les hôtels, restaurants et petits commerces des villes accueillant les Jeux ; et le développement de l'offre de taxis accessibles, qui seront 1 000 au moment des Jeux, contre 200 il y a deux ans.

S'agissant des enjeux sanitaires, notre système de santé répondra pleinement aux besoins des visiteurs comme des délégations, tout en préservant l'accès aux soins pour tous nos concitoyens. Par exemple, l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) ouvrira plus de 300 lits supplémentaires par rapport à un été classique, pour faire face à la hausse attendue de 4 % de la fréquentation des urgences.

La préparation de nos athlètes prend aussi une bonne tournure : tout est en place pour que nos Bleus réalisent des performances, au meilleur de leur talent et de leur potentiel, le jour J, devant leur public, qui formera dans tous les sites des carrés de supporters.

Depuis les Jeux de Rio, les moyens mobilisés au soutien de la haute performance ont été augmentés de 68 %. Dans les projections indépendantes réalisées sur les JO, la France se positionne au troisième rang en nombre de titres. Nos équipes connaissent une excellente dynamique, dans un nombre croissant de disciplines. Nous les accompagnons avec une offre de services renforcés : la Maison de la performance près du village olympique, sur laquelle nous communiquerons demain matin ; l'augmentation des aides personnalisées et des primes aux médaillés ; la création d'une billetterie spécifique pour les athlètes et pour l'encadrement ; l'organisation, à destination des délégations olympiques et paralympiques, de séminaires de cohésion et d'échange dans lesquels nous passons tous nos messages sur la lutte contre le dopage, les paris frauduleux et toutes les formes de violence, sexuelles ou d'ordre psychologique.

Sur le sujet de l'engagement, nos Jeux seront les plus décentralisés de l'histoire, avec soixante-treize collectivités hôtes. Dans moins d'un mois, le relais de la flamme marquera à Marseille le coup d'envoi de l'aventure olympique et traversera soixante-cinq départements et quatre cents villes de notre pays, y compris en outre-mer. Sur le terrain, les élus et les acteurs locaux programment des festivités autour du relais, en complémentarité avec l'Olympiade culturelle et la programmation sportive de la grande cause nationale, qui fait l'objet de plans d'animation territoriale, soutenus à hauteur de 6 millions d'euros par mon ministère. S'agissant des zones de célébration pendant les Jeux, plus de 200 projets de Clubs 2024 ont été déposés dans tous les territoires urbains et ruraux de notre pays ; ils sont en cours de validation par les préfets.

Après la SOP, qui a été un très beau succès la semaine dernière en impliquant plus de deux millions d'enfants, nous préparons le plan Vacances olympiques et paralympiques, sur lequel notre Gouvernement a communiqué lundi soir dernier. Il est destiné à faire vivre à notre jeunesse un été exceptionnel de sport, avec des séjours, des découvertes et des animations sportives et pédagogiques, tant dans les territoires ruraux que dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Ces dispositifs compléteront le programme de billetterie populaire, par lequel l'État offre 400 000 places à nos concitoyens, dont 200 000 pour le public scolaire, en provenance de toutes les académies de notre pays.

Tout est en place pour réussir non seulement les Jeux, mais des Jeux utiles à la nation tout entière, en léguant un héritage sur le plan matériel. Une série de transformations du territoire sont déjà devenues réalité en Seine-Saint-Denis : le village des athlètes et le village des médias, qui se transformeront demain en logements, notamment sociaux, et en résidences étudiantes ; et le déploiement de ponts et franchissements, qui vise à recoudre le territoire du département. Je pense aussi à l'amélioration de la desserte en transports en commun ou au chantier emblématique de l'ouverture à la baignade de la Seine et de la Marne.

Cet héritage matériel trouve un relais dans les politiques publiques sportives portées par le programme 219 de mon ministère, dont le cap est précisément de faire de la France la nation sportive que nous appelons de nos vœux.

Elles consistent d'abord en une action résolue en faveur des équipements sportifs. Le plan « 5 000 terrains de sport », finalisé en deux ans, avec un an d'avance, sera prolongé par le plan « 5 000 équipements - Génération 2024 », annoncé par le Président de la République le 5 septembre dernier ; il sera doté de 300 millions d'euros de crédits. Au total, à l'horizon 2027, l'État aura mobilisé plus d'un milliard d'euros en direction des équipements sportifs. S'y ajoutent des financements au titre de la dotation de soutien à l'investissement local (DSIL), de la dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR) et du Fonds vert.

Le développement de la pratique sportive dès le plus jeune âge, notamment à l'école, est pour nous la mère des batailles. Nous avons généralisé les trente minutes d'activité physique quotidienne en primaire, accéléré le déploiement des deux heures de sport supplémentaires pour les collégiens, et étendu le pass'sport, qui réduit les inégalités d'accès au sport, y compris pour les jeunes en situation de handicap.

Bâtir une nation sportive, c'est aussi continuer d'œuvrer en faveur de la pratique de celles et ceux qui en sont aujourd'hui les plus éloignés, à commencer par les femmes, les personnes en situation de handicap, les seniors et les étudiants, qui font chacun l'objet d'un programme d'action particulier, financé, dont je rends régulièrement compte, comme je le fais pour la promotion du sport en milieu professionnel et le renforcement du bénévolat. Nous continuerons également, aux côtés de Frédéric Valletoux, à porter la question du sport-santé dans nos territoires, avec 6 millions d'euros supplémentaires alloués à notre réseau de maisons sport-santé et une montée en puissance du sport sur ordonnance. Nous agissons plus que jamais pour l'inclusion par le sport : nous avons lancé hier l'Alliance pour l'inclusion par le sport avec les élus, la société civile et le mouvement sportif, prévoyant le déploiement de 1 000 éducateurs socio-sportifs et de 10 000 clubs sportifs engagés, avec l'ambition de porter de 20 000 à 100 000 le nombre de bénéficiaires.

Enfin, bâtir une nation sportive, c'est continuer de montrer la capacité du sport à apporter des réponses aux grands défis qui se posent à notre société, notamment la transition écologique et la lutte contre toutes les formes de violences et de discriminations.

En la matière, notre cap est clair : tolérance zéro. Nous avons renforcé les ressources allouées à cette priorité, en créant notamment 56 équivalents temps plein (ETP) dédiés aux enquêtes et aux contrôles sur le terrain pour assurer la protection des publics en 2023 et 2024 et renforcer l'action des services déconcentrés.

Sur le plan de la prévention, nous avons généralisé le principe du contrôle de l'honorabilité. Nous avons également fait adopter ensemble, dans la loi d'initiative parlementaire visant à renforcer la protection des mineurs et l'honorabilité dans le sport, l'obligation de signalement des violences, le renforcement des mesures d'interdiction d'exercer contre les dirigeants de clubs et le renforcement des modalités et des effets du contrôle de l'honorabilité.

Nous sommes d'ores et déjà à pied d'œuvre pour étoffer cet héritage, en renforçant ce qui peut l'être au sein de nos dispositifs, dans le cadre d'une future loi, au lendemain des JOP. J'étais, il y a trois semaines, à Orléans pour lancer la grande concertation qui sera menée avec le mouvement sportif, les conférences régionales du sport, et toutes les parties prenantes jusqu'au mois de juin. Dans la foulée du rapport de Marie-George Buffet et de Stéphane Diagana, et à la lumière des travaux de la récente commission d'enquête parlementaire, cette concertation doit nous permettre de progresser dans trois directions : une vitalité démocratique plus forte au cœur de nos fédérations ; un combat pour l'éthique et l'intégrité à travers toutes les composantes du sport français ; et une meilleure protection des pratiquantes et des pratiquants. Nous poursuivrons notre action en faveur du développement du bénévolat.

Après les Jeux, qui auront incité au sport, nous continuerons à porter les actions de la grande cause nationale et sa programmation de plus de 1 000 événements en France, notamment son pilier central, la promotion des trente minutes d'activité physique quotidienne, non seulement pour nos enfants mais pour toutes les composantes de notre population. À cet égard, nous inaugurerons demain les journées pour une France en forme, qui se déploieront dans quinze de nos régions. Toutes les forces vives de notre pays seront associées, notamment les acteurs du monde de la culture, avec des événements emblématiques comme la Grande dictée du sport, couplée à des animations sportives, dont la finale se disputera sous la coupole de l'Institut de France à la fin du mois d'avril.

J'ai d'ores et déjà appelé le mouvement sportif à préparer ses plans d'accueil, en lien avec ses cadres, ses éducateurs et ses bénévoles, afin qu'au lendemain des Jeux, aucun enfant, aucun parent, aucun passionné, ne trouve porte close devant nos clubs sportifs.

Loin d'être une parenthèse isolée, comme certains le craignaient, les Jeux seront un levier de progrès pour la société tout entière, lui procurant un élan plus sportif, plus sain, plus solidaire, mais aussi plus inspirant pour notre jeunesse.

Je me tiens à votre disposition pour les questions.

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