Intervention de Livia Saurin

Réunion du jeudi 11 avril 2024 à 11h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Livia Saurin, directrice des relations institutionnelles de France Télévisions :

Je souhaite évoquer le sujet de l'éducation aux médias et à l'information (EMI), un thème sur lequel la commission a beaucoup réfléchi, qui nous préoccupe tous et qui nous oblige en tant que médias de services publics.

La dernière étude de l'Arcom sur le rapport entre les Français et l'information indique que 60 % des Français envisagent l'existence d'au moins une théorie du complot, cette proportion s'élevant à 85 % chez les jeunes âgés de 10 à 15 ans selon une autre étude menée il y a quelques années. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé d'accroître la part de nos ressources consacrées à la fois à l'éducation aux médias et à l'information et à la question du rapport au jeune public. Je vous rappelle à cet égard l'existence de Lumni, la plateforme éducative commune à l'ensemble de l'audiovisuel public, qui propose non seulement un accompagnement aux révisions des jeunes, mais également des éléments sur l'éducation aux médias et à l'information.

Nous avons par ailleurs lancé, en octobre 2022, en partenariat avec le ministère de l'éducation nationale et le Centre pour l'éducation aux médias et à l'information (Clemi), une initiative à laquelle sont désormais associés tous les acteurs de l'audiovisuel public, le « Tour de France académique de l'éducation aux médias et à l'information ». Nous nous sommes rendus dans plusieurs académies de France, telles qu'Amiens, Poitiers, en Guyane, à Rennes, ou encore à Montpellier, pour proposer, en lien avec les rectorats, des programmes de deux jours. La première journée vise à former les enseignants à l'éducation aux médias et à l'information en leur fournissant des ressources issues de nos offres de programmes, afin de leur donner des clés pour transmettre de bons réflexes aux jeunes. La question de la hiérarchisation et de la vérification des sources étant des sujets centraux, l'EMI permet de faire évoluer de façon significative les comportements informationnels des jeunes et nous allons donc continuer notre montée en puissance sur ce sujet et poursuivre ces face-à-face avec les enseignants. Au cours de la deuxième journée de ces Tours de France, sont organisés des face-à-face avec les élèves. Nous utilisons nos ressources, notamment documentaires, afin de les sensibiliser au travail d'investigation et à ce qu'il implique en termes de recoupement ou de vérification des sources.

Vous avez également évoqué, madame la présidente, la problématique des moyens consacrés à l'information. Une information certifiée et de qualité est en effet une information qui a un coût, du fait de sa valeur. L'étude récemment publiée dans le cadre des États généraux de l'information démontre ainsi que 29 % des dépenses consacrées à l'information sur notre territoire sont le fait de l'audiovisuel public, devant les médias privés qui assurent 26 % de cette dépense. Il est également important de souligner que la presse écrite représente 44 % de cette dépense.

Vous avez également évoqué l'invisibilisation de contenus vérifiés et certifiés au sein d'un univers informationnel qui se caractérise par la montée en puissance des fausses informations. Je souhaite donc faire écho à une proposition qu'a commencé à formuler M. Jean-Philippe Baille. Nous observons une véritable prolifération des fake news sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, où les mots clés liés notamment à des conflits en cours renvoient systématiquement à des vidéos issues de comptes pratiquant la désinformation. Nous souhaiterions donc qu'il puisse exister une visibilité préférentielle des contenus produits par des médias certifiés, qu'il s'agisse des médias reconnus par l'Arcom comme services d'intérêt général ou des médias labellisés.

Je conclurai mon propos par la question du financement. L'indépendance et la nécessité de protéger une information certifiée, vérifiée et de confiance impliquent de disposer d'un financement suffisant, pérenne et permettant réellement de garantir à l'audiovisuel public son indépendance.

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