Intervention de Blandine Brocard

Séance en hémicycle du mercredi 27 juillet 2022 à 15h00
Extension de dispositions statutaires à la fonction publique des communes de polynésie française — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBlandine Brocard :

Permettez-moi avant tout d'avoir une pensée particulière pour les nombreuses familles qui se sont retrouvées sans logement après les fortes houles qui ont touché la Polynésie il y a tout juste deux semaines.

Le projet de loi que nous examinons est une nouvelle occasion de mettre au cœur de nos attentions la Polynésie française, ceux qui y vivent, ceux qui participent à la vitalité communale, les élus et les fonctionnaires communaux de cet archipel du Pacifique qui est une des fiertés de notre pays.

Dans le cadre de cette nouvelle législature, ce texte est aussi une chance de manifester notre attachement à tous nos territoires. Parce que nous sommes riches de nos diversités, riches de nos objectifs communs, soucieux d'un intérêt général qui nous soude et nous rend plus forts, c'est toujours un honneur de répondre aux besoins de nos compatriotes polynésiens avec lesquels nos liens sont si étroits, malgré la distance géographique.

Ce projet de loi ratifie l'ordonnance du 8 décembre 2021 étendant et adaptant à la fonction publique des communes de Polynésie française certaines dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale.

Ce texte est nécessaire pour que les fonctionnaires des communes de Polynésie française puissent bénéficier des avancées introduites par les différentes lois relatives à la fonction publique depuis 2011.

Comme cela a été dit, cette ordonnance est issue des longues et fructueuses négociations menées suite à l'émergence d'un mouvement de grève en mai 2017 – un conflit social très dur, généralisé, des agents communaux locaux. Alors que nous travaillons à apaiser ces troubles, je regrette profondément que certaines prises de parole, à l'instant, aient attisé les tensions au nom de l'efficacité de la lutte.

Un important travail de concertation, associant les instances locales, a permis de trouver un équilibre que le Sénat a beaucoup enrichi et parfois modifié. En commission des lois, nous avons donc procédé à de nécessaires ajustements à travers, notamment, les amendements du rapporteur dont je souhaite saluer le travail.

Nous le savons tous, ce texte est sensible et suscite des attentes. Aussi avons-nous le devoir de réussir à avancer ensemble, en gardant pour objectif le rapprochement du droit local et du droit commun tout en prenant en compte les spécificités locales, lorsqu'elles sont justifiées. Nous devons œuvrer avec détermination à la revalorisation du statut général des fonctionnaires communaux, en leur permettant de disposer d'un cadre législatif et réglementaire clair, adapté et sécurisant. Cela implique d'actualiser les droits et les obligations des fonctionnaires, d'approfondir et d'assouplir le dialogue social, qui doit être préservé, de faciliter l'accès à la fonction publique communale et de renforcer son attractivité.

Gardons à l'esprit que la Polynésie est divisée en quarante-huit communes, dont certaines ont le statut de commune associée ; certaines s'étendent sur un territoire immense réparti entre plusieurs îles, sans continuité territoriale, donc. L'éclatement géographique et la faiblesse numérique de la population constituent des difficultés et doivent être pris en considération pour leur incidence directe et forte sur la vitalité des communes et les emplois qui y sont rattachés.

Comme je vous le disais il y a quelques instants, le Sénat a beaucoup enrichi le projet de loi du Gouvernement, qui ne contenait à l'origine qu'un article unique. Cependant, nous devons veiller à ce que certaines des dispositions introduites par la Haute Assemblée ne diminuent pas les droits des fonctionnaires communaux de Polynésie française. Tel a été le sens de notre action en commission des lois.

Ainsi avons-nous supprimé l'article 2, qui prévoyait que les examens professionnels constituent une voie d'accès à la fonction publique. Or, si l'examen professionnel est bien l'une des modalités de la promotion interne à la fonction publique, il ne peut constituer une modalité d'accès à celle-ci.

À l'article 13, nous avons également rétabli la possibilité, pour les communes, de recruter des personnes handicapées par la voie des emplois réservés. Je tiens tout particulièrement au maintien de cette disposition. Sa suppression par le Sénat constituait un véritable recul dans les politiques que nous menons pour l'accès des personnes handicapées à l'emploi sur tout le territoire national.

De nombreuses avancées figurent dans ce texte et je ne doute pas que le débat d'aujourd'hui permettra d'en inclure de nouvelles. Toutefois, nous veillerons tous à ne toucher que d'une main prudente, tremblante, à l'équilibre obtenu dans ce texte particulièrement attendu.

Nous nous réjouissons que la concertation préalable au dépôt de ce texte et l'action du législateur aient abouti au présent projet de loi. Les résultats d'une telle méthode sont positifs, tant pour cet archipel, qui fait partie de notre identité, que pour l'ensemble de notre territoire. Nos échanges devront être menés avec précaution et discernement.

Je tiens à remercier sincèrement nos collègues polynésiens, qui ont éclairé nos débats et continueront de le faire. Le groupe Démocrate votera donc en faveur de ce projet de loi.

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