Intervention de Esther Duflo

Réunion du mercredi 21 juin 2023 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Esther Duflo, professeure au Massachusetts Institute of Technology et au Collège de France, prix Nobel d'économie de 2019 :

Il s'agit là d'un sujet domestique, qui ne relève pas particulièrement de mon expertise. Cependant, c'est le rôle d'un gouvernement, quand il le peut, d'être là pour s'endetter dans une période de crise aiguë, afin de soutenir ses populations. De ce point de vue-là, le gouvernement ne doit pas se comporter en bon chef de famille, parce qu'il a justement la capacité d'emprunter sur les marchés pour pouvoir soutenir ses populations et éviter d'entrer dans des trappes de pauvreté, comme cela a été le cas dans les pays pauvres. Le « quoi qu'il en coûte » était donc nécessaire et l'on a bien vu le contraste avec la sortie de crise de 2008, on l'on était beaucoup plus frileux. Cette dernière avait donc été beaucoup plus longue et avait conduit à un manque à gagner pour le gouvernement : quand les gens ne travaillent pas, ils reçoivent des allocations-chômage au lieu de payer des impôts.

Naturellement, pour pouvoir s'endetter, les gouvernements doivent être dans une position budgétaire suffisamment stable le reste du temps. Pendant les périodes de non-crise, il faut donc essayer d'atteindre un équilibre budgétaire ; ce n'est pas gratuit, in fine. Cet équilibre peut être recherché dans les dépenses mais aussi dans les recettes. Il ne me revient pas de dire comment les équilibres doivent être respectés en France.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion