Intervention de Grégory Allione

Réunion du jeudi 9 novembre 2023 à 9h30
Mission d'information de la conférence des présidents sur les capacités d'anticipation et d'adaptation de notre modèle de protection et de sécurité civiles

Grégory Allione, inspecteur général, directeur de l'École nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (Ensosp) :

C'est un plaisir pour l'Ensosp que d'être auditionnée sur des enjeux de sécurité civile, qui font encore l'actualité en raison des alertes orange et rouges sur le territoire. Pendant très longtemps, la sécurité civile était citée de manière épisodique sur le plan médiatique. Dorénavant, on s'aperçoit que c'est beaucoup plus régulier. Il ne faut pas oublier le tronc commun de l'activité de sapeurs-pompiers et de la sécurité civile, qui représente 80 % de l'activité des sapeurs-pompiers au quotidien : le secours d'urgence aux personnes. On oublie trop souvent que les sapeurs-pompiers sont les premiers acteurs du pré-hospitalier. Ils assurent le secours de nos populations dans les territoires urbains ou reculés.

L'école nationale a été créée à Nainville-les-Roches en 1977. Ce n'est pas si vieux que cela au regard d'autres institutions, que ce soit la police nationale ou la gendarmerie nationale. Notre histoire est donc assez récente. L'école nationale existe à Aix-en-Provence depuis 2008, et ce, par un décret fondateur de 2004. En vingt ans d'existence sous la forme actuelle, nous avons pu accéder à un niveau intéressant pour affronter les défis et les menaces qui se font jour.

L'établissement que j'ai l'honneur de diriger est un établissement public de l'État, dont la gouvernance est partagée entre le ministère de l'intérieur, qui en assure la tutelle, et une présidence du conseil d'administration qui est assurée par la présidente Vassal, au titre de l'Assemblée des départements de France (ADF). Il y a un partage des équilibres entre les représentants du personnel, les représentants des employeurs, le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) et l'ADF, ainsi qu'un conseil de perfectionnement qui nous permet, comme pour toutes les universités et les grandes écoles, d'établir la ligne pédagogique et d'animer la réflexion critique sur celle-ci au sein de notre institution.

L'essentiel des missions consiste en la formation des officiers de sapeurs-pompiers. Il y a trois branches, dont la formation de tous ceux qui y entrent en tant qu'officiers de sapeurs-pompiers. Au-delà de l'intégration, il y a la professionnalisation. Un officier qui intègre l'école va y venir régulièrement, afin d'acquérir des compétences managériales et opérationnelles. Il existe ensuite un cycle de spécialité, pour faire face aux nouveaux risques émergents ou aux nouvelles menaces. Je pense en particulier à la formation liée aux établissements recevant du public et à la prévention.

Lors de la création de l'école nationale, en 1977, nous étions en région parisienne. Nous sommes dorénavant dans le sud de la France, avec un positionnement à Aix-en-Provence, où est située toute l'activité pédagogique, administrative et de soutien. Tout l'intérêt du déménagement dans le sud de la France était d'avoir un autre site, qui se situe dans la commune de Vitrolles. Il s'agit d'un plateau technique qui permet de mettre en place énormément de simulations pour appréhender les différents risques et s'exercer en conditions quasi réelles. Il y a également un autre site en région parisienne, à Oudiné, que nous louons afin de permettre tous les cycles de formation liés à la prévention.

Par ailleurs, nous sommes en train de construire un site à quelques kilomètres d'Aix-en-Provence, dans la commune de Gardanne, afin de faire toutes les mises en situation professionnelles. Et ce, avec un travail de coordination avec l'école d'application de la sécurité civile (Ecasc), qui forme notamment aux risques liés aux feux de forêt et aux autres risques industriels. Il s'agit de permettre des mises en situation professionnelles pour les directeurs et commandants d'opérations de secours, ainsi que pour la gestion de crise. Nous exploitons donc quatre sites.

La répartition des moyens dont nous disposons est assez simple. Entre 15 et 16 millions d'euros proviennent du CNFPT. Cela comprend un tronc commun provenant de la cotisation sur la masse financière des fonctionnaires territoriaux, et la fameuse sur-cotisation qui reposait sur la masse salariale des sapeurs-pompiers professionnels, contribuant au financement du budget de l'école. Tout cela constitue un ensemble d'environ 16 millions d'euros en budget initial pour l'année 2023. 16 autres millions d'euros proviennent de la facturation liée aux formations que nous dédions et aux services d'incendie de secours. Un peu moins d'un million d'euros est destiné au privé, c'est-à-dire aux entreprises qui viennent se former à la prévention ou à d'autres risques. En effet, outre le risque des feux de forêt, nous constatons l'émergence de risques nouveaux, parmi lesquels l'hydrogène et toutes les nouvelles matières utilisées dans le cadre de nouvelles économies ou de nouvelles carburations et que nous devons appréhender. Nous bénéficions également d'une participation de l'État à hauteur d'environ 5 millions d'euros pour la partie budget 2023. Ces montants contribuent non seulement au remboursement de l'emprunt qui a permis de créer les bâtiments, notamment à Aix-en-Provence, mais aussi au financement de la formation des élèves colonels, qui représentaient une grande promotion l'année dernière. La participation à cette formation va donc diminuer un peu.

En termes de personnel, l'école compte 205 personnes. En termes de budget et d'effectif, l'école était dimensionnée pouvoir assurer 80 000 journées stagiaires. Aujourd'hui, du fait de l'évolution opérationnelle sur le territoire, nous sommes à 100 000 journées stagiaires. Cela signifie qu'il y a une pression sur les charges et sur les dépenses de l'école afin de faire en sorte de répondre aux besoins. D'ailleurs, nous avons mis en place une comptabilité analytique afin d'être le plus efficace possible sur le plan financier. Il y a également une pression en matière de ressources humaines : compte tenu de la stabilité des effectifs et de l'augmentation significative du nombre des journées stagiaires, nous constatons un effet ciseau, qui engendre une pression certaine.

L'ensemble du personnel de l'école assure des séquences de face à face pédagogique, mission pour laquelle nous avons également recours à 900 intervenants externes. Ces derniers sont des professionnels de la sécurité civile, des sapeurs-pompiers, des élus, des cadres d'entreprises (GRDF, Enedis) ou de la fonction publique, dont l'expérience vient alimenter les réflexions en matière de ressources humaines ou de finances. Il s'agit donc d'une école très ouverte, qui fait partie de plusieurs grands réseaux.

En cohérence avec la volonté du Président de la République lors du Congrès de Marseille, la promotion des élèves colonels qui rejoint notre école depuis le 2 novembre intègre le tronc commun de l'Institut national du service public (INSP). Cette mesure permettra d'ouvrir le monde des sapeurs-pompiers à bien d'autres fonctions publiques, et inversement. Cette ouverture implique nécessairement un travail partenarial.

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