Intervention de Jérémie Boroy

Réunion du jeudi 7 mars 2024 à 14h30
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Jérémie Boroy, président du Conseil national consultatif des personnes handicapées :

Je me dois, en préambule, de dénoncer les inacceptables dysfonctionnements rencontrés par la personne sourde que je suis dans les conditions d'accessibilité de cette réunion. Il n'a pas pu avoir de solution d'accessibilité mise en œuvre pour la tenue de cette réunion.

Le Conseil national consultatif des personnes handicapées a pour mission de faciliter la participation des représentants de personnes en situation de handicap au débat public et à l'élaboration des politiques publiques. Les cadres principaux de notre action sont la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, et la Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations unies ratifiée par la France en 2010.

Beaucoup de chaînes ont, depuis vingt ans, effectué de remarquables progrès dans l'accessibilité de leurs programmes, grâce à la loi, mais également à l'implication de divers acteurs tels que l'Arcom. Des progrès restent néanmoins à accomplir, à l'image des télévisions locales, des programmes d'information en période électorale, ou encore de La Chaîne parlementaire dont le statut particulier l'exempte des règles de fonctionnement des médias et éloigne de nombreuses personnes de l'information de l'Assemblée nationale.

Sur le sujet de la représentation des personnes handicapées à l'écran, le précieux baromètre de l'Arcom nous permet de mesurer les progrès réalisés. Différents programmes ont notamment été développés sur les chaînes de télévision publiques et privées, à l'image de l'émission « Les Rencontres du Papotin », de la série Vestiaires, et d'autres initiatives qui contribuent à faire progresser la place des handicapés à l'écran. L'institut Odoxa a réalisé pour la Fondation Ahadi en février 2024 un sondage sur la perception du handicap et des personnes handicapées par la société. La partie de l'enquête qui porte sur les médias nous enseigne que les Français identifient plus fortement la présence de personnes en situation de handicap dans le divertissement (37 % chez les humoristes et 26 % chez les artistes musicaux) que chez les experts interviewés (17 %), les journalistes de radio (17 %), ou encore les animateurs (15 %). En comparaison avec les résultats des autres pays européens, la France est le pays dans lequel les personnes en situation de handicap semblent le moins représentées dans les médias.

Ces constats nous ont conduits à mettre en place différentes actions. La première concerne la formation et l'accès aux écoles qui conduisent aux métiers du journalisme, de l'audiovisuel ou du cinéma. Une charte a ainsi été signée par le CSA en 2014 avec les chaînes de télévision et les principales écoles qui destinent à ces métiers. Il serait intéressant d'en connaître le bilan afin de mesurer les progrès accomplis en matière d'accessibilité. L'autre levier incontournable est celui de l'accessibilité des plateaux et des studios de télévision, car la venue des personnes concernées est parfois empêchée physiquement.

Une autre question essentielle est celle de la représentation des personnes handicapées. Doit-on attendre d'elles qu'elles représentent et parlent de handicap, ou qu'elles soient tout simplement témoins ou acteurs des échanges en fonction de leurs compétences ? Des progrès restent à accomplir sur ce point, puisque la visibilité reste généralement cantonnée à des programmes qui traitent de la question du handicap. De belles opportunités se présentent néanmoins, à l'image des Jeux olympiques, qui sont l'occasion d'une remarquable mobilisation de l'Arcom pour favoriser une meilleure visibilité, ainsi que des chaînes publiques qui ont pris l'engagement de couvrir l'intégralité des Jeux paralympiques.

Je tiens, pour terminer, à souligner d'une part la qualité de nos relations avec l'Arcom, qui œuvre dans une logique de dialogue et de co-construction des recommandations, et la culture partagée à France Télévisions depuis plusieurs années.

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