Intervention de Christopher Baldelli

Réunion du jeudi 28 mars 2024 à 13h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Christopher Baldelli, président-directeur général de Public Sénat :

Je participe également aux états généraux de l'information, où je préside un groupe de travail consacré à l'avenir des médias d'information et du journalisme. Un autre groupe s'intéresse à la souveraineté et à la lutte contre les ingérences étrangères.

D'abord, nous pouvons partager un constat objectif : les fausses nouvelles ou fake news et les éléments de manipulation diffusés dans le cadre d'opérations d'ingérence sont très peu présents dans les médias de notre pays. C'est vrai des médias publics et de la plupart des médias privés, qui en cela se distinguent des réseaux sociaux, quels qu'ils soient. Ils sont épargnés parce qu'ils sont régulés et qu'ils emploient des professionnels, convaincus d'avoir une responsabilité sociale. Les journalistes respectent une déontologie et des procédures internes de vérification. Le temps et le travail de vérification constituent donc un aspect essentiel dont nous devons avoir conscience et qu'il faut encore renforcer. Hélas, on le sait, il est très difficile de trouver des solutions adaptées aux réseaux sociaux, que ce soit au niveau européen ou au niveau français.

S'agissant de Public Sénat, j'ajoute que nous ne sommes pas une chaîne d'information comme les autres. Nous cherchons l'audience parce que notre rôle consiste à toucher nos concitoyens, mais elle ne nous obsède pas, parce que son niveau n'a pas de conséquences économiques directes, ou alors marginales. Nous prenons donc le temps du travail et de la vérification. Nous avons récemment été confrontés à des informations que d'autres médias commençaient à reprendre : avant de les diffuser, notre rédaction a préféré les décrypter pour comprendre ce qui s'était passé et essayer de vérifier l'existence et la fiabilité des sources. C'est un travail constant, mais nous sommes faits pour cela.

J'ajoute que l'audiovisuel public et privé est soumis au contrôle de l'Arcom, qui est aussi chargée de garantir l'indépendance et l'honnêteté de l'information – même si nos chaînes y échappent, comme cela a été souligné. Certes, on peut diffuser une fake news sans être malhonnête, parce qu'on en est soi-même victime, mais la régulation du secteur et le travail journalistique sont tout de même une garantie. Néanmoins, il faut prendre garde à la course à l'audience. Pour l'avoir vécue avec des médias privés, je le dis pour tout le monde, y compris ma propre chaîne : la course au scoop constitue un danger. En la matière, les réseaux sociaux n'ont ni réserve ni pudeur : chez eux, la diffusion part très vite. Certains médias ont tendance à penser que si tous les réseaux parlent d'un sujet, ils doivent faire de même, mais ce n'est pas toujours vrai.

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