Intervention de Roselyne Bachelot

Réunion du jeudi 28 mars 2024 à 13h00
Commission d'enquête sur l'attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre

Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la culture :

J'ai été éberluée – le mot est faible –, j'ai été indignée par cette catégorisation qui m'a été imposée. Je ne savais pas que, parmi les missions de l'Arcom, figurait la recherche académique sur les sensibilités et les idéologies politiques. Et j'aimerais savoir quelle est la matrice de la réflexion qui a conduit à désigner une catégorie divers droite. Jamais je n'ai été sollicitée pour échanger avec l'Arcom sur le fait d'avoir été ainsi fichée. J'ai simplement reçu un coup de téléphone d'une collaboratrice de l'Arcom qui m'a signalé que j'étais classée dans cette catégorie divers droite, au motif que j'étais une personnalité politique de première importance. Timeo Danaos et dona ferentes ! – Je crains les Grecs, même quand ils apportent des cadeaux !

On arrive à une incongruité totale : on a l'impression que l'on a réuni, dans un sac poubelle ou dans un placard aux supplices, des gens qui n'ont strictement rien à voir les uns avec les autres. C'est ainsi qu'à ma stupéfaction je suis classée dans la catégorie divers droite avec M. Philippe de Villiers. Autant j'ai la plus grande considération pour M. Philippe de Villiers, acteur incontournable de la vie économique et culturelle de ma chère région des Pays de la Loire, autant sur l'ensemble du champ de la sensibilité et de l'idéologie politiques, je n'ai rien à voir avec lui. Et puisque cette démarche est justifiée par la proximité des élections européennes, je ne rappellerai pas que nous avons conduit, en 2004, deux listes européennes différentes et fortement opposées sur des questions de fond. Je ne veux même pas évoquer les sujets sociétaux qui m'opposent à Philippe de Villiers ; ils sont connus de l'opinion publique.

La simple description de cette affaire déconsidère complètement la démarche qui voudrait ficher des éditorialistes dans une catégorie quelconque. Je signale par ailleurs que, depuis douze ans, je ne suis membre d'aucun parti politique. Et encore faudrait-il que l'on compte, dans mes déclarations sur BFM TV, le nombre de fois où je ne suis pas d'accord avec M. Macron et celui où je vais être d'accord avec lui, tout en considérant que, dans la même phrase, j'ai peut-être émis une nuance… Quand j'ai appris ce fichage par l'Arcom, je me suis dit que j'allais envoyer à son président une lettre saignante. Mais, puisque je voulais vous réserver la primeur de mes propos, je considère avoir dit à l'Arcom tout le mal que j'en pensais.

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