Intervention de Sylvie Gustave Dit Duflo

Réunion du jeudi 4 avril 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur la gestion des risques naturels majeurs dans les territoires d'outre-mer

Sylvie Gustave Dit Duflo, vice-présidente du conseil régional de la Guadeloupe :

L'application des PPRN revient aux maires. Bien souvent, le maire fait face à un électeur potentiel. Même s'il sait qu'une personne a construit sa maison dans une zone qui ne s'y prêtait pas, il est peu probable qu'il demande la destruction du bâtiment. Néanmoins, si les maires ne sont pas responsables de ce qui a été fait avant leur élection, ils sont responsables de l'application du PPRN.

La région Guadeloupe n'est pas dépositaire de ces documents d'urbanisme. Simplement, au travers du schéma d'aménagement régional, un document opposable, nous pouvons donner des indications d'aménagement du territoire, mais sans être à l'échelon communal. Au final, il revient au maire de prendre ses décisions face à son administré et à son électeur. Je vous garantis que l'exercice n'est pas toujours évident. Je peux citer l'exemple de la petite commune de Basse-Terre, dans sa partie sud. Un administré a quand même construit sa maison, malgré le veto du maire, sur des berges inondables. Lors des épisodes pluvieux ou des cyclones, la petite ravine se transforme en torrent. La personne a déclaré qu'elle n'avait pas pu dormir de la nuit, dans la crainte de voir son habitation entraînée par le torrent.

Les habitants n'ont pas conscience du PPRN aussi longtemps qu'ils n'ont pas de projet de construction. Quand ce projet se concrétise, la situation leur devient difficile. Nous dépendons d'un espace contraint, qui oblige parfois à réviser son projet de construction et à trouver un autre endroit.

Dans les territoires ultramarins, les terrains sont souvent donnés par filiation. Il apparaît très difficile de chercher un terrain ailleurs. Un vrai travail de pédagogie mérite d'être mené, avec l'association des maires, pour sensibiliser la population sur les zones à risque et les enjeux. Lorsque le maire émet un avis négatif, il doit l'accompagner d'une explication, visant à dire par exemple qu'on ne construit pas sur le versant d'une colline susceptible d'être touché par des phénomènes de lave ou de boue. L'explication ne doit pas être apportée de manière trop administrative, mais selon la culture locale. En Polynésie française, les chefs coutumiers interdisent certaines zones au nom de la biodiversité et leur parole est respectée. Leur interdiction répond à des enjeux de préservation de la ressource abiotique par exemple. En Guadeloupe, il serait opportun de mener une initiative avec les maires afin de mieux informer les citoyens.

C'est peut-être dans ce sens que la région pourrait intervenir, en apportant son aide à la formation d'abord des élus, pour leur éviter toute promesse électorale, ensuite de la population.

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